Ibrahim Maalouf, portrait de l’homme-orchestre

Ibrahim Maalouf : des débuts en fanfare

Né à Beyrouth en 1980, Ibrahim Maalouf démontre rapidement sa virtuosité précoce à la trompette, instrument de son père, lui-même ancien élève du grand Maurice André. Il remporte adolescent de nombreux premiers prix de conservatoire et de concours (plus de 15 !). Tout le destine à une belle carrière de soliste classique, d’autant qu’à 15 ans, il sait déjà jouer le Concerto Brandebourgeois n° 2 de Jean-Sébastien Bach. Cependant, Maalouf grandit dans une famille où la musique classique cohabite avec la musique arabe, et les maîtrise avec un égal bonheur. D’où son utilisation d’une trompette spéciale capable de jouer les quarts de ton propres à la musique arabe (les quarts de ton ne sont employés en Occident qu’en expérimental et en classique contemporain). Ibrahim Maalouf ajoute une corde à son arc quand il découvre le jazz, et subjugue par ses brillantes improvisations. Des débuts en fanfare qui l’incitent à explorer plus loin un crossover entre jazz et musique arabe grâce à son groupe Farah. Il sort peu après en 2007 son premier album studio : Diasporas.

Les collaborations fructueuses d’Ibrahim Maalouf

C’est le début d’une carrière prolifique en compositions. Travaillant pour lui ainsi que d’autres artistes, Ibrahim Maalouf enchaîne les albums grâce à son label Mister Ibé, voguant entre jazz et musiques du monde. Depuis sa collaboration avec Lhasa de Sela, il intègre également des éléments pop et rock dans sa musique. De ce pluralisme musical naissent des collaborations avec Matthieu Chedid sur Diachronism, ou Oxmo Puccino et Sarah Nemtanu sur Diagnostic. En retour, des artistes comme Sting (If on a Winter’s Night), Louane (Un automne à Paris), Vincent Delerm (Quinze chansons), Grand Corps Malade (Funambule), Baptiste Trotignon (Up for It) le sollicitent fréquemment. Maalouf rend hommage à son goût classique avec l’album Levantine Symphony no. 1 aux titres reprenant le vocabulaire de la symphonie. Il est l’objet dès 2005 d’un documentaire, Souffle ! qui le suit pendant plusieurs mois.

Dans le même temps, Ibrahim Maalouf est un professeur recherché en France et aux Etats-Unis, en cours ou en masterclasses, motivé par l’envie d’intégrer davantage l’improvisation au sein des classes classiques. Il se diversifie de même en composant des musiques de films (Yves Saint-Laurent, La crème de la crème, Vers la lumière).

Ibrahim Maalouf sur tous les fronts

Ibrahim Maalouf devient vraiment connu du grand public au moment des Victoires de la Musique 2014 quand Illusions remporte la Victoire du Meilleur Album des Musiques du Monde. Sa popularité s’accroit quand il remporte en 2017 le César de la meilleure musique de film pour Dans les forêts de Sibérie. Le théâtre fait aussi appel à lui, et sa musique composée pour Monsieur X joue bonne part pour la victoire du spectacle aux Molières 2020. D’une polyvalence rare, il s’exerce aussi au ballet contemporain (Brûlent nos cœurs insoumis, Wade in the Water). Admiratif de son talent, Quincy Jones fait régulièrement appel à lui depuis 2017. Également producteur, il produit Thaïs Lona, artiste évoluant dès son 1^er EP Dancing Again dans un univers entre jazz, soul, R’n’B et rap, un pluralisme familier à Ibrahim Maalouf. Pour sa contribution à la culture musicale française, il est fait Chevalier de l’Ordre du Mérite et Chevalier des Arts et des Lettres. Il est aujourd’hui l’un des plus éminents artistes musicaux au monde.

Il a récemment sorti sa BO du film 9 jours à Raqqa. Son dernier album, First Noël, contient des réinterprétations colorées et virtuoses de chants classiques de Noël. Enfin, ne manquez pas le coffret exclusif des 10 albums studio qu’il a composés et produits.