Le monde du disco et de la variété française est en deuil : Patrick Juvet nous a quittés ce jeudi 1er avril à l’âge de 70 ans. Voix haut perchée et look androgyne, il aura marqué la chanson avec des tubes intemporels tels que I love America et Où sont les femmes ?
Un compositeur de talent
Né en Suisse en 1950, Patrick Juvet baigne dans la musique dès sa prime enfance. Il obtient d’ailleurs un premier prix de piano au conservatoire de Lausanne et arrivé à la majorité, accepte de devenir mannequin pour une agence allemande. Mais sa passion pour la musique le conduit à tout quitter au début des années 1970 pour Paris. Il rencontre Eddie Barclay qui fait alors la pluie et le beau temps dans le monde du show business français. Il lui donne sa chance. Patrick Juvet la saisit et sort un premier 45 tours à succès, La Musica. Ce sera également le titre de son premier album. Son talent pour la composition est immédiatement reconnu et les propositions pleuvent pour qu’il apporte sa patte à différents artistes. C’est à lui que l’on doit notamment Le Lundi au soleil de Claude François.
Le nouveau roi du disco
En 1973, il représente la Suisse au Concours Eurovision de la chanson et se classe 12e avec Je vais me marier, Marie et sort l’album Love. En tout, il aura sorti une dizaine d’opus jusqu’à son dernier en 1991, Solitudes. Plusieurs d’entre eux ont marqué les esprits et les charts, tel Chrysalide en 1974 co-composé par Daniel Balavoine qui était alors le choriste de Juvet. Ce dernier le met à son tour sur le devant de la scène grâce à cet album. Ou Paris by night en 1977, dont les paroles et les arrangements sont signés d’un inconnu pour l’époque, Jean-Michel Jarre. C’est dans cet album que se trouve l’emblématique tube Où sont les femmes ? Passionné par la musique américaine, Patrick Juvet présente un show de glam-rock à la David Bowie à l’Olympia, s’installe à Los Angeles et chante l’un des plus grands tubes disco de son époque, I love America, co-signé avec le leader des Village People. Un tube international (que l’on retrouve dans son Best-of en 1995) qui le conduit à composer la bande originale du film Laura, les ombres de l’été de David Hamilton.
Un retour à l’ombre et à l’écriture pour les autres
Voix immédiatement reconnaissable et frisant les ultra-sons, look androgyne renforcé par sa bisexualité assumée, Patrick Juvet traverse toutefois les années 1980 avec difficulté, le disco finissant par passer de mode. Il compose toutefois l’album Solitudes en collaboration avec Françoise Hardy, Luc Plamondon et Marc Lavoine, sort une compilation de remixes de ses tubes qui rappellent leur intemporalité, écrit pour Hélène Ségara en 2002 et participe à la tournée à succès Âge tendre et Têtes de bois entre 2009 et 2018. Une vie entre gloire et addictions, splendeur et déclin qu’il raconte sans fioritures dans l’autobiographie Les Bleus au cœur. Patrick Juvet restera le roi du disco à la française, aux gestes pleins de charme.
