Nous l’avons appris avec tristesse ce lundi soir, le comédien Jean-Pierre Bacri est décédé à 69 ans. La grande gueule du cinéma français laisse derrière lui une filmographie riche et passionnante, et une trace particulière dans le cœur des français. Il aurait probablement détesté tous ces hommages qui lui sont rendus, pourtant nous n’aurions pu imaginer passer à coté.
Jean-Pierre Bacri, un bougon malgré lui
Jean-Pierre Bacri était avant tout connu pour ses rôles de grand râleur, notamment pour le film qui l’a révélé au grand public en 1993, Cuisines et dépendances de Philippe Muyl. Ce genre de rôles le suivra toute sa carrière, et collera bien à son image de bougon très attachant. Jean-Pierre Bacri était un homme resté discret malgré la célébrité, et très engagé pour la cause anti-raciste, de par son engagement avec l’association SOS Racisme, ou bien encore le collectif Devoirs de Mémoires. Un bougon au grand cœur donc, une formule qu’il aurait certainement détesté entendre, mais qui le décrirait tout de même plutôt bien. Il avait déclaré « Je ne crois pas aux types éclatants de bonheur » car lui prônait le vrai, le sincère, même si parfois il dérangeait. Cela s’est ressenti dans son travail d’acteur, ainsi que d’auteur. Les rôles taillés pour lui étaient ceux de grands râleurs donc, mais toujours avec une tendresse si particulière qui faisait son charme.
Un acteur et auteur récompensé
Dans Cuisines et dépendances, il jouait avec sa compagne de l’époque, Agnès Jaoui, film qu’ils ont co-écrit. Il décroche avec Didier, le premier long-métrage d’Alain Chabat le César du meilleur scénario, ainsi que le César du meilleur acteur dans un secon rôle, fait d’arme qu’il renouvellera avec le film On connaît la chanson, qui le verra obtenir les deux mêmes récompenses. Il obtient en tout cinq Césars, et 8 nominations. Son lien avec Agnès Jaoui, qui fut sa compagne jusqu’en 2012, et leur collaboration artistique, leur permettra d’exprimer au mieux leur art, et verra naître de nombreuses réussites : Le Goût des autres, Place Publique, ou encore Comme une Image. Sa dernière nomination aux Césars, et son unique, dans la catégorie de meilleur acteur, avait été pour le film Le sens de la fête, réalisé par le duo Nakache-Toledano.
L’incarnation de l’alliance ciné-théâtre
Jean-Pierre Bacri était un amoureux du théâtre, autant que du cinéma. Alors il n’est pas étonnant de le voir co-écrire de nombreux films adaptés de pièces de théâtre. Cuisine et dépendances, pièce de théatre qui lui vaudra également deux Molière, Smoking / No Smoking, ou encore Un air de famille. Son goût pour l’humour acide, les personnages désabusés ainsi que les scènes de dialogue rendaient évident le parallèle entre l’art de la scène et celui du grand écran. Après une longue pause durant les années 1990 et 2000, il retrouvait les planches en 2016 une toute dernière fois, avec un rôle dans la pièce Les Femmes savantes. Il fut un de ceux qui ont permis de conserver un lien étroit entre ces deux arts. Il manquera définitivement à l’un comme à l’autre…
Visuels d’illustration :
Un air de famille
© 1996 TF1 International – France 2 Cinéma – STUDIOCANAL
Place Vendôme
© 1998 STUDIOCANAL – TF1 Films Production – Les Films de l’Etang – Alhena Films – Angel’s Company
Mes meilleurs copains
© 1988 / STUDIOCANAL – France 2 Cinéma
