LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Anny M. (Marseille). Petit Wat, né à Bonaloka, bidonville proche de Douala (Cameroun), a le choix entre misère ou délinquance. Mais, il veut vivre son « Boza ! » (cri universel des migrants parvenant à rejoindre le vieux continent) et va tenter d’entrer en Europe par tous les moyens… Boza est un roman né d’une collaboration entre Ulrich Cabrel, jeune refugié camerounais, et Etienne Longueville, bénévole qui l’a hébergé à son arrivée en France.
Boza !
Le coup de cœur de Anny M. (Marseille)
Un périple semé d’embûches
Petit Wat, quinze ans, doué d’une mémoire prodigieuse, aide sa mère à vendre des tomates au marché lorsqu’il ne fréquente pas l’école, privilège accordé aux ainés, tant que sa famille peut lui payer ses cours. Dans le quartier « ça crie, ça s’embrouille et ça se tape pour l’argent ». Celui qui « doit partir » le fera clandestinement car « tu n’as pas le choix, quand tu n’as pas de visa ». Avec deux tricots, un pantalon et une bible dans un sac à dos troué, il est convaincu que « si tu n’as pas la foi, c’est impossible d’avancer sur les routes de l’aventure ». Armé de son optimisme, « demain, c’est mieux » et de sa volonté, « seul l’effort fait le fort » comme lui répétait son père, il va parcourir 9 000 km et traverser 7 pays ! Des étapes semées de trahison, de jalousie, d’amertume ou de violence mais aussi de solidarité, d’amitié et d’espoir …
Un récit autobiographique puissant
Nous apprendrons le vocabulaire migratoire, saurons ce que signifie polo, cibleur, pisteur, ghetto dans cet enfer. Nous apprécierons la stratégie nécessaire, la planification, l’organisation militaire pour « ne pas perdre de vue son objectif ». Comment mettre le cap sur l’Europe sans argent ? L’humour est-il toujours un remède à la désolation ? La force de caractère et la dignité suffisent-elles ? « Mes mots seront durs car la réalité est brutale » : un récit autobiographique inouï et viscéral digne d’un scénario d’un bon film d’aventure.
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Paru le 6 février 2020 – 378 pages