Avis aux amateurs de Stetson, de colt et de… brins d’herbe à mâchouiller : Lucky Luke est de retour en librairie. Pour la première fois, le cow-boy solitaire débarque en Louisiane pour régler une épineuse affaire de succession.
Un tandem qui roule
Notre poor lonesome cowboy favori a beau avoir au compteur quelques décennies, il n’a pas pris une ride ! Les générations de scénaristes et illustrateurs se succèdent, et conservent l’esprit décalé insufflé par Morris. Alors pour cet album, de l’autre côté du miroir, il y a deux hommes. Au scénario, on retrouve Jul, qui rempile pour la troisième fois consécutive, après La Terre Promise et Un Cow-Boy à Paris. Et au dessin, c’est Achdé, qui manie les couleurs du Far-West depuis la disparition de Morris.
Quand Jul décrit l’histoire
Jul, qui signe donc le scénario de Un Cow-Boy dans le coton, avait déclaré il y a quelques années qu’il existait deux « angles morts » dans la série Lucky Luke, eu égard à l’ancrage historique de l’action : l’immigration des Juifs aux USA, et l’esclavage. Le premier sujet ayant été abordé dans La Terre Promise, c’est au second, nettement moins évident à manier avec humour, que le tandem s’attaque ici. Lucky Luke reçoit en héritage une exploitation de coton en Louisiane. Il s’y rend, bien décidé à partager son bien avec les esclaves qui y travaillent, mais beaucoup ne voient pas d’un bon œil cette initiative et sont bien décidés à lui mettre des bâtons dans les roues.
Caisse de résonnance
Pour cet album tout particulièrement, Jul a effectué des recherches historiques très fouillées pour ne pas passer à côté de l’essence de cette période. Ku-Klux-Klan, propriétaires terriens, cajuns des bayous… Une galerie de protagonistes vient nourrir l’intrigue, dans laquelle on retrouve des caractères récurrents, comme les Dalton. Un personnage historique seconde Lucky Luke : c’est Bass Reeves, qui fut le premier sheriff adjoint noir aux États-Unis. Entre racisme, injustice, exploitation et bataille pour les libertés, l’intrigue de Un Cow-Boy dans le coton est évidemment en résonnance avec notre histoire contemporaine, et donne à réfléchir sur notre capacité à prendre en main notre destin, qu’il soit individuel ou collectif.
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Paru le 23 octobre 2020 – 48 pages