Ce 23 octobre sort Son rêve américain, coffret collector disponible en plusieurs versions, comprenant un double disque live à New York, enregistré en 2014, ainsi que deux films où l’on suit Johnny Hallyday en tournée et sur la route aux États-Unis. L’occasion de revenir sur le goût pour l’Amérique de l’idole des jeunes et ses emprunts iconiques à la culture yankee.
Johnny Hallyday, l’Américain
Perfecto à frange, grosse Harley Davidson pour débarquer sur scène, maison en Californie… Parler de l’amour de Johnny Hallyday pour les États-Unis relève de l’évidence. Ses vêtements, ses possessions, sa culture personnelle nous ont rappelé pendant cinq décennies combien la plus grande vedette du rock français s’est construite dans son rapport à l’Amérique.
C’est dans l’enfance de la star que cette fascination pour le pays de l’Oncle Sam s’est développée. Balloté d’un foyer à l’autre, Johnny, qui s’appelle alors Jean-Philippe Smet, se retrouve un temps chez sa cousine, Desta Mar. Celle-ci épouse un danseur acrobatique américain, Lee Halliday, qui va initier le jeune homme aux arts de la scène, et aussi l’aider à se forger une image de l’American Dream. C’est lui qui, par exemple, fait écouter à Johnny les premiers disques de rock’n’roll paru aux États-Unis, à une époque où le genre est encore balbutiant.
James Dean, Paul Anka et bien sûr Elvis figureront parmi les influences majeures de Johnny, qui passent la fin des années 1950 à affiner son style, jouant même par moment auprès des GI’s dans les bases américaines installées dans l’Hexagone.
Repéré en 1959, il signe ensuite chez Disques Vogue, un label pour qui il enregistre des reprises de rock’n’roll anglo-saxon en français, en particulier une adaptation de l’artiste country Floyd Robinson, T’aimer follement. Sur la pochette de son premier 45-tours apparaît d’ailleurs une légende qui tient lieu, à l’époque, d’argument marketing de poids : « [Johnny est un] Américain de culture française, il chante aussi bien en anglais qu’en français. »
Ce petit mensonge (il est en réalité né d’un père belge et d’une mère française), et son nom de scène aux consonances « exotiques » entretiennent une certaine ambiguïté, qui sera levée par le succès de ses premiers tubes. Bien vite, celui qu’on appelle alors « L’idole des jeunes » voit sa biographie, et ses vraies origines, être connue. Mais il n’abandonne pas pour autant l’influence américaine : outre quelques compositions originales, le premier album de Johnny comprend encore des covers de titres américains. Et il en sera de même tout au long de sa carrière.
L’Amérique, mythe culturel de Johnny Hallyday
Le rockeur aura toujours eu le regard tourné sur l’Amérique. Si c’est au détour d’un western qu’il a découvert Elvis dans sa jeunesse, son accession au succès lui a permis de s’acoquiner avec certaines vedettes américaines, notamment Jimi Hendrix, le guitariste génial qui donnera quelques premières parties de Johnny. L’idole a lui aussi donné sa version d’Hey Joe, qui vient s’ajouter au nombre de titres qu’il a popularisé en s’inspirant de standards américains : Itsy, bitsy petit bikini, Blue Suede Shoes, Let’s Twist Again, sans compter Le Pénintencier, Fils de personne, ou Le Bon (vieux) temps du rock’n’roll…
Dès les années 1960, Johnny a enregistré un album à Nashville, puis multiplié les séjours là-bas, avant même de s’y installer quelque temps, au milieu des années 1970, avec son épouse d’alors, Sylvie Vartan, et leur fils David. Les seventies marqueront d’ailleurs un tournant dans le look et les références de Johnny, qui va de plus en plus s’américaniser. Avec ses lives, il introduit la notion de grand spectacle cher au show-business yankee, investissant des salles à sa mesure, comme le Palais des Sports (avant de passer à l’étape des stades !).
Que l’on parle de Quelque chose en nous de Tennessee, écrit en hommage au dramaturge américain Tennessee Williams, ou de Toute la musique que j’aime, qui fait référence aux blues, de nombreux titres de l’immense répertoire de l’artiste tirent leurs origines de cette culture yankee qu’il a si tôt adoptée. Par le look, les passions automobiles, mais aussi l’ambition et le goût pour la réussite, le chanteur laissait transparaître une américanisation de bien des aspects de son existence.
De 2013 à sa mort en 2017, Johnny Hallyday a vécu une grande partie de son temps libre aux États-Unis. Il s’est livré à la fois à plusieurs road-trips et à des concerts auprès du public américain, dans un pays où il connaissait une vie de famille à l’abri de la célébrité qu’il connaît en France.
Des expériences que l’on peut retrouver dans les diverses éditions de Son rêve américain, un coffret qui revient sur les derniers lives du maître dans ce pays d’adoption. Les versions avec DVD intègrent, outre les enregistrements live et une chanson inédite (Deux sortes d’hommes), un film du réalisateur François Goeghbeur, autour de la dernière randonnée en moto de Johnny Hallyday aux États-Unis. En bonus 20 minutes d’émouvantes images en coulisse complètent ce très beau cadeau à destination des fans du plus yankee des chanteurs français !