Gotham Knights : notre test et toutes les infos sur le jeu Batman sans Batman !

Parmi les nombreuses sorties de cette fin d’année 2022, le retour du chevalier noir était particulièrement attendu, après la fin de la série Arkham. Cette fois-ci, ce n’est pas Rocksteady aux manettes, mais Warner Bros. Games Montréal, pour une aventure mettant en avant les sidekicks de la Bat-family après la mort de Batman, dans une Gotham en monde ouvert, que nous avons eu la chance de parcourir, pour un test réalisé sur PS5.

Pour rappel, Gotham Knights est disponible depuis le 21 octobre 2022 sur PC, PS5 et Xbox Series. 

Gotham la night

C’est à se demander comment des gens peuvent encore décider d’y vivre de leur plein gré. En plus d’être visiblement plongée dans une nuit éternelle et pluvieuse, Gotham attire – peut-être que ça vient de là – des criminels en tout genre. Et on ne parle pas ici de la petite insécurité qui permet à W9 de se constituer une audience de dépressifs après 22h, mais bien du grand banditisme armé jusqu’aux gencives à chaque coin de rue, et d’une armée de sbires qui ont le mérite de s’accorder sur un style punk, bien caractéristique de l’univers.

Problème, la capitale du crime vidéoludique ne peut plus compter sur son milliardaire à gros bras pour la défendre. Dans une superbe (et longue !) cinématique d’introduction, on assiste au trépas de Batman, qui, déjà blessé mortellement, voit le grand manoir familial s’effondrer sur sa dépouille et celle de Ras’al Ghul. Une mort qui apparait comme un sacrifice, planifié de longue date. Et dans Batman, tout est toujours une question d’héritage.

Le manoir n’est plus, mais fort heureusement, la fortune des Wayne est loin d’être épuisée, et la plus grande tour de la ville, propriété familiale, accueille encore une base secrète suréquipée dans laquelle Albert va devoir se contenter d’apporter le café chaud à des sidekicks, nos quatre personnages jouables de Gotham Knights : Robin, Batgirl, Red Hood et Nightwing. Ces derniers sont chargés, par l’intermédiaire d’une vidéo préenregistrée par leur défunt mentor, de poursuivre son enquête en cours, dont nous ne révèlerons pas les tenants et les aboutissants pour des raisons évidentes. Harley Quinn, Le Pingouin, la Cour des Hiboux… Ce ne sont pas les classiques qui manquent, et nous nous retrouvons bien plongés dans une aventure purement batmanesque, que le patron soit vivant ou non.

La narration se divise entre différentes intrigues, toutes incarnées par un méchant emblématique, et présentées comme différents dossiers d’enquêtes qu’il conviendra de faire avancer à votre rythme. La structure du jeu est limpide, tout en offrant un joli sentiment de liberté. Le Beffroi est un hub central depuis lequel on peut changer de personnage, s’entraîner au combat et améliorer tout un tas de paramètres, nous y reviendrons. Dès que l’on quitte les lieux, on entame une « Nuit », durant laquelle on peut se balader dans l’intégralité de Gotham, pour y faire avancer les intrigues principales, ou pour s’occuper des différents crimes en cours, qui seront différents à chaque sortie.

Chaque fois qu’un indice important est trouvé, nos quatre héros se retrouvent pour faire le point, à l’occasion de cinématiques vraiment réussies, au cours desquelles chacun des personnages peut exprimer son caractère différent. Des personnalités qui n’échappent pas aux clichés habituels en la matière, mais qui sont parfaitement cohérentes avec l’univers du jeu et de Batman en général. Le jeu est entièrement doublé en français, avec un talent inégal selon les personnages, et les dialogues sont la plupart du temps agréables à suivre, en particulier les quelques scènes de souvenirs, qui évoquent non sans émotion la chance qu’avait Gotham de pouvoir compter sur son Bruce Wayne.

D’une manière générale, c’est vraiment sur l’ambiance installée que Gotham Knights marque le plus de points. En nous offrant la possibilité de visiter la plus grande Gotham jamais développée, le studio Warner Bros nous plonge véritablement dans un univers particulièrement crédible et respectueux de l’œuvre. Dans ses lumières, dans ses sons et dans ses crimes qui ne lui offrent jamais le moindre répit, Gotham prend vie, dégage une odeur et une ambiance qu’on a du mal à quitter, alors même qu’elle ne grouille pas d’activité. Ca tombe bien, on est parti pour y rester, et découvrir ce qu’elle a à nous proposer, manette en main.

 Mi chauve-souris, mi araignée, et re mi chauve-souris derrière

C’est pas le tout de profiter du cadre, il y a une enquête à résoudre. Et pour y parvenir, on a la chance de pouvoir profiter de la très grande variété de gameplay offerte par Gotham Knights. Bien sûr, en premier lieu, on pense à la variété des personnages, puisque nous pouvons incarner quatre membres de la Bat-family. Chacun d’entre eux a ses petites particularités de gameplay, toujours cohérentes avec leur personnage. Red Hood a plutôt l’étoffe d’un gros bourrin, quand Batgirl sera plus à l’aise pour le piratage et l’infiltration en général.

Mais ils ont tous un socle commun, avec des attaques au corps-à-corps, des attaques à distance, des capacités spéciales, un grappin et des bombes fumigènes. Les séquences d’action sont bien plus proches (mais alors vraiment proches) de ce que l’on peut trouver dans les jeux Spider-Man d’Insomniac que des jeux Arkham. Un groupe d’ennemis vous entoure et il s’agira de passer de l’un à l’autre en enchainant les combos, le tout dans un dynamisme vraiment agréable. En revanche, la caméra aura souvent du mal à vous suivre, et le plus simple sera de matraquer la touche carré pour faire revenir votre héros sur un ennemi en vue. C’est parfois brouillon, mais toujours fluide, et les finishs – le dernier coup envoyé au dernier adversaire debout – sont toujours classieux.

Il ne sera pas toujours question de grosse baston à un ou une contre quinze, et Gotham Knights vous encouragera souvent à l’infiltration. Parfois en guise d’objectif secondaire, que vous serez libre de remplir ou non, mais aussi parfois en guise d’objectif principal. On retrouve alors des mécaniques très classiques, avec des jauges de vigilance au-dessus des ennemis, des éliminations silencieuses, un scan pour détecter les dangers ou encore du piratage de matériel de sécurité. Sans rien révolutionner, toutes ces phases d’infiltration fonctionnent à merveille, et permettent de changer un peu de rythme après un enchainement de bastons.

Autre gameplay au programme : l’enquête ! Car oui, Gotham Knights revient vraiment aux origines de Batman en mettant en avant son côté détective. Ces phases de jeu sont la plupart du temps en point’n’click, au cours desquelles il s’agira d’analyser une scène de crime ou un lieu en particulier pour trouver des indices. Il faudra ensuite décider quels indices correspondent entre eux pour faire avancer l’histoire. Pour le coup, c’est de ce côté-là moins réussi. Les solutions sont souvent évidentes, ce qui aurait pu se comprendre pour un jeu tout public, moins pour un jeu PEGI 16.

En plus de l’action, de l’infiltration et des enquêtes, Gotham Knights propose aussi des séquences d’énigmes, la plupart du temps dans des lieux clos. Et cette fois-ci, la difficulté est parfaitement gérée, puisqu’il faudra quand même s’y pencher quelques instants pour en comprendre le fonctionnement. Toutes ces phases de jeu variées sont d’autant plus intéressantes qu’elles arrivent à un bon rythme, et on enchaîne en toute fluidité entre de l’action et des temps plus calmes.

Passer d’un crime à un autre, exécuter une mission secondaire ou encore chercher des collectibles, chaque action vous demandera de traverser Gotham. Et pour ça, vous avez la chance d’être équipé. D’abord, d’un Bat-moto, qu’il est possible d’invoquer n’importe quand à partir du moment où vous êtes en extérieur. Et là, c’est la déception. Malgré son joli bruit, cette Bat-moto a une maniabilité vraiment rigide et peine à nous faire ressentir de véritables sensations de vitesse. Elle ne subit aucun dégât, résiste à tous les chocs et impressionne plus la population de la ville que la joueuse ou le joueur à l’autre bout de la manette, dommage.

Heureusement, on peut se déplacer autrement dans Gotham. En débloquant des points de transport rapide, qui vous équiperont d’ailes mécaniques pour vous envoyer directement à un autre point de transport, ou en utilisant le grappin. La verticalité de la ville est vraiment complète, et vous pourrez vous accrocher à n’importe quel bâtiment, pour passer de l’un à l’autre en toute fluidité. Difficile là encore de ne pas y voir une similitude avec les aventures de l’homme araignée…

Enfin, Gotham Knights propose des éléments de RPG, avec la possibilité d’améliorer vos héros pour les rendre toujours plus forts. On reste dans du soft-RPG, et vous n’aurez pas besoin de gérer un inventaire rempli de composants en tout genre. Tout se fait très simplement : après chaque nuit ou presque, on peut améliorer ses armes, ajouter des points de compétences dans un arbre simple mais efficace, et surtout changer de tenue, au fur et à mesure que l’on passe les niveaux. Et des tenues, il y en a beaucoup. Vraiment beaucoup. A tel point que l’on garde rarement la même, d’autant que l’on a tendance à varier les personnages utilisés et qu’on peut en plus en modifier la couleur et certains motifs.

Mais si vous préférez vous concentrer sur un seul et même personnage, sachez que tous les autres profitent aussi de votre progression, et que vous n’aurez pas à passer tous les niveaux avec chacun d’entre eux. Cet aspect RPG est donc suffisamment simple et limpide pour que l’on n’y passe pas des heures, et suffisamment complet pour que l’on sente son impact, que celui-ci soit esthétique ou technique.

L’aventure de Gotham Knights est entièrement jouable à deux joueuses ou joueurs en coopération. Et si nous n’avons pas pu tester cette fonctionnalité lors de ce test, on comprend assez vite que toutes les missions seront encore plus intéressantes en les partageant. En plus, en coopération, il est possible de se répartir les tâches, pour chacun s’occuper des crimes d’un quartier de la ville, avant de se retrouver pour faire avancer l’histoire principale. Tout semble avoir été pensé pour le jeu à deux, et c’est un très bon point.

 Une nouvelle génération de héros, pas très next-gen

On l’a dit, mais ça mérite d’être répété. L’ambiance de Gotham Knights est vraiment le principal atout du jeu. La ville est belle, grande, et offre vraiment le sentiment d’être immergé dans l’univers Batman. Mais au-delà de ses lumières et de ses décors très travaillés, Gotham Knights n’échappe pas à son lot de petites déceptions techniques.

Bien que le jeu soit exclusivement next-gen, il ne propose pas de mode performance – comme c’est désormais la coutume – et se contente du 30 FPS. Rien de dramatique en soi, et le jeu est parfaitement jouable et fluide comme ça, mais c’est vrai que quand on commence à s’habituer au luxe du 60 voire du 120 FPS, on a du mal à ne pas être déçu. Et même si Gotham est un monde ouvert vraiment réussi, vous serez souvent étonnés par la présence de chargements, courts certes, à l’occasion de rentrer dans tel ou tel bâtiment. Là encore, rien de très handicapant, mais il est difficile de ne pas sentir la redondance, notamment sur l’ouverture des portes dans les lieux clos, dont l’animation reste la même du début à la fin du jeu. En dehors des combats, qui brillent par leur dynamisme, beaucoup de déplacements vous se révéler frustrant et semblent un peu rigide pour un jeu next-gen.

En revanche, l’ambiance sonore est très réussie, que ce soit grâce aux musiques, qui donnent parfaitement le ton lors des phases d’action, ou grâce à tous les sons que la ville de Gotham a à nous offrir. Les passants ne sont pas de simples robots qui se déplacent d’un point A à un point B, et noteront toujours votre passage à côté d’eux.

Dans l’ensemble, Gotham Knights est vraiment une aventure agréable à parcourir. Sa narration et surtout son ambiance en font un jeu très respectueux de l’univers Batman, malgré l’absence du chevalier noir. Sans être révolutionnaire et en utilisant que des recettes classiques mais efficaces, le gameplay brille par sa variété et par le rythme auquel toutes ces phases de jeu s’enchainent. Les quelques défauts techniques qu’on n’attendait plus sur un jeu next-gen ne viennent pas entamer la qualité générale du jeu, qui devrait plaire à un large public, notamment grâce à son mode coopération. Vous pouvez vous lancer dans l’enquête les yeux fermés.