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Paris Combo en deuil : Belle du Berry, la voix du groupe, s’est éteinte

20 août 2020
Par Manue
Paris Combo en deuil : Belle du Berry, la voix du groupe, s'est éteinte
©Jorge Alvarez

Il y a des personnes dont on n’arrive pas à croire qu’elles ont disparu, que l’on ne va plus entendre leur voix… C’est le cas pour moi avec Belle du Berry, la voix (et bien plus que ça) de Paris Combo. Hommage à une grande dame.

Ma rencontre avec Belle et Paris Combo est loin d’être banale puisque ce n’est pas grâce à un média ou un(e) disquaire que j’ai fait leur connaissance. Non. C’est grâce à Elaine Lewis, extraordinaire libraire qui, en plus de m’avoir donné le goût de la littérature australienne, m’a permise de rencontrer David Lewis, son fils, trompettiste et pianiste du groupe. L’annonce du décès brutal de Belle m’a laissé exsangue tant la musique de Paris Combo a accompagné ma vie depuis la fin des années 90. C’est pour cela que je tenais par les quelques lignes qui vont suivre à lui rendre hommage et rappeler, avec force et émotion, combien Belle était une artiste d’exception et le restera pour celles et ceux qui ont croisé sa route.

En plein mois d’août, une grande dame, Belle du Berry, s’en est allée brutalement, laissant orphelins les membres du groupe Paris Combo, leurs fans et plus globalement la chanson française. La voix de Belle du Berry, de son vrai nom, Bénédicte Grimault, s’est éteinte, emportée par un cancer.

Née à Bourges et ayant grandi à Berry Bouy (commune à laquelle elle rendit hommage dans la chanson du même nom), Belle était de ces artistes multiples, passionnée et passionnante. Après des études de cinéma, c’est vers la musique qu’elle se dirige. Après plusieurs expériences au sein de groupes comme les PPI (Pervers Polymorphes Inorganisés), les Endimanchés et les Champêtres de Joie, ou une participation à la chorégraphie avec Philippe Découflé de la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver d’Albertville, c’est avec Paris Combo qu’elle exprima son talent dans la durée, sauf pour un album solo, « Quizz » en duo avec David Lewis.

Le groupe qui tient son nom du terme employé pour les formations de jazz des années 30 « Combo » (raccourci de Combination) et du lieu de sa création, « Paris », a produit 6 albums (Paris Combo, Living room, Attraction, Motifs, 5, Tako Tsubo), un album live et un album de remixes et fait surtout voyager une certaine chanson française à travers le monde, et j’insiste sur le terme monde. En effet, les tournées de Paris Combo ne se limitaient pas aux frontières de notre Hexagone, ni de pays francophones. Les Etats-Unis, l’Australie, le Brésil les ont accueillis à bras ouverts, à maintes reprises. Ils exprimaient cette French Touch aux accents rétro, jazzy.

Qu’est-ce qui me séduisait tant chez Paris Combo et Belle ? Je crois que c’est avant tout le métissage musical et cette ouverture aux autres cultures. Quelques fois, le métissage musical n’est qu’un fourre-tout sans saveur. Chez Paris Combo, au contraire, le jazz manouche répondait au swing, qui prenait par la main la chanson typiquement française, qui, elle-même, faisait écho à des accents world. Tout s’imbriquait gracieusement, finement pour faire émerger un son propre à eux, à la fois très français et très universel. Pas étonnant que leur succès ait donc dépassé les frontières de notre Hexagone.

Et puis, vous me pardonnerez messieurs, mais l’atout de Paris Combo, c’était Belle, une voix qui swinguait tout autant que vos instruments. Lorsque j’ai pour la première fois entendu sa voix, c’est un vent de fraîcheur qui a soufflé. Belle avait le don de vous emporter dans ses histoires. Rétro dans son habillage, Paris Combo, grâce à la plume incisive, piquante, drôle, douce, émouvante de Belle, s’inscrivait dans son temps. Car Belle était bel et bien une femme du 20e et 21e siècle, moderne par son implication et son regard aiguisé, humaniste sur la société et le monde parfois fou qui l’entouraient. Pour celles et ceux qui ont croisé sa route, aux concerts ou en dehors, Belle incarnait la générosité, la gentillesse, la joie de vivre, l’enthousiasme, bref, c’était un rayon de soleil.

Le magazine Billboard parlait de Belle en ces termes : « une chanteuse/accordéoniste et auteure extraordinaire ».

C’est cette image que je voulais vous transmettre, à vous, lecteurs et lectrices et c’est cette image que je garderai. Une personne qui, par son talent et sa personnalité, a su apporter beaucoup de douceur dans ce monde souvent brutal. Les hommages des fans sur la toile pleuvent et rappellent combien cette étoile filante ne cessera pas de briller et sa musique, inonder, de milles couleurs, nos « living rooms ». Merci Belle, le ciel a bien de la chance.

Le groupe avait fini la préparation de leur 7e album, « Quesaco ». Sortie prévue pour 2021. Hâte de réentendre cette voix et ce groupe inclassables et irremplaçables.
Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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