Vengeur non masqué mais à la double identité, Edmond Dantès est avant tout un héros universel qui aura marqué à jamais l’histoire de la fiction. Au cinéma, à la télévision, au théâtre ou dans les romans, Le Comte de Monte-Cristo est partout chez lui. Portrait.
Littérature populaire
Si la vengeance est un plat qui se mange froid alors Edmond Dantès alias le Comte de Monte-Cristo est assurément celui qui en a créé une des recettes les plus élaborée. Aux côtés de quelques autres figures vengeresses, il représente un des seuls personnages de fiction capable d’incarner la loi du talion avec autant de méthode et de sang-froid.
Tout commence en 1844… Inspiré par l’histoire vraie d’un artisan nîmois victime d’un complot politico-judiciaire et par sa proximité avec la famille Bonaparte, Alexandre Dumas père enchaîne après le succès de sa trilogie des Mousquetaires sur l’écriture d’une série au thème vengeresque.
Romancier populaire au sens le plus noble du terme, il apporte à une intrigue savamment orchestrée cette incomparable dimension romanesque qui caractérise l’ensemble son œuvre. Drame de la jalousie, roman d’aventures palpitant et brûlot mordant sur le pouvoir, Le Comte de Monte-Cristo est une œuvre si ambitieuse que Dumas, pourtant prolixe, mettra deux années à boucler.
La vengeance d’une vie
Jeune marin plein d’avenir, Edmond Dantès a le malheur d’aimer la même femme de Danglars, comptable de la compagnie navale qui l’emploie. Ivre de jalousie et aveuglé par la convoitise, ce dernier ourdit une machination qui l’accuse de fomenter un complot bonapartiste. L’affaire aurait pu n’être qu’un simple désagrément passager si Dantès n’avait eu en sa possession une lettre compromettante pour la carrière du procureur qui instruit son dossier. En conséquence, le jeune homme est incarcéré puis délibérément oublié dans un cachot du château d’If.
Durant sa captivité, il se lie avec l’abbé Faria qui l’initie aux choses de l’esprit et lui révèle l’existence secrète d’un trésor sur l’île de Monte-Cristo. Après 14 ans de réclusion, il s’évade avec un seul et unique objectif : se venger…
Riche et méconnaissable, Edmond Dantès réapparaît d’abord en Italie puis à Paris sous les traits du Comte de Monte-Cristo. À force d’aisance mondaine et financière, il gagne la confiance des cercles de pouvoir où gravitent tous ceux qui l’ont privé de bonheur.
Au-delà de l’action
Classique absolu des histoires de vengeance, Le Comte de Monte-Cristo est l’occasion pour Dumas de traverser son roman d’aventures d’une série de réflexions sur le bonheur et l’argent, la justice au service des puissants, l’injustice envers les plus faibles, le pouvoir et ses dérives, la force dévastatrice du sentiment de vengeance…
Succès universel, connu dans le monde entier au même titre que Les Trois Mousquetaires, Monte-Cristo était initialement conçu comme un feuilleton avant que Dumas père le publie en roman et l’adapte pour la scène.
Avec le personnage multi-facettes d’Edmond Dantès / Monte-Cristo, l’auteur de La Reine Margot a créé l’archétype parfait du héros humilié par ses pairs, rongé par le malheur mais déterminé quoi qu’il en coûte à faire mordre la poussière à ceux qui ont tenté de briser sa vie.
Un héros taillé pour le cinéma
Le personnage de Dantès, la dimension romanesque de l’intrigue et l’écriture svelte et imagée d’un des maîtres de la littérature populaire… Le Comte de Monte-Cristo porte en lui tous les ingrédients dont se nourrit le cinéma. C’est alors sans surprise que le roman de Dumas père devient une œuvre rapidement prisée par le septième art des deux côtés de l’Atlantique.
Après une adaptation américaine de 1934 portée par l’acteur britannique Robert Donat, on se souvient de Jean Marais interprétant Dantès dans l’adaptation réalisée par Robert Vernay en 1954.
Sept ans plus tard, c’est au tour de Claude Autant-Lara de donner sa version du Comte de Monte-Cristo avec Louis Jourdan dans le rôle-titre.
À la télévision française en 1998, vingt après Jacques Weber qui l’a aussi joué au théâtre, Gérard Depardieu a immortalisé le rôle de Monte-Cristo dans une adaptation spectaculaire de Josée Dayan.
Avant eux, au milieu des années 70, Richard Chamberlain avait lui aussi crevé le petit écran grâce à sa partition du personnage d’Edmond Dantès.
Enfin, au rayon littérature, deux auteurs « poulpesques » comme Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal ont mêlé en 2018 leurs plumes pour écrire Lord Gwynplain, un reboot noir et contemporain de l’histoire d’Edmond Dantès qui sonne comme un vibrant hommage à la grande littérature populaire.