C’est un des plus grands artistes algériens qui vient de perdre sa voix, le 2 mai 2020. Le chanteur et compositeur Idir s’est éteint loin de son village berbère, mais si les Kabyles et ses fans du monde entier le pleurent, c’est pour ne jamais oublier son timbre unique et ses chansons ambassadrices d’une culture intemporelle.
Idir ou la musique comme une évidence
Né Hamid Cheriet, le jeune Idir ne pensait pas qu’il se destinerait un jour à la musique, du fin fond de son petit village natal, perdu dans les monts du Djurdjura et bercé par les traditions orales. Pendant ses études de géologie, il compose pourtant, dont une berceuse, Rsed A Yidess, destinée à la chanteuse Nouara, mais qu’il finit par interpréter à sa place à la radio, en 1973. Il l’ignore encore, mais son destin est en train de basculer : la chanson est plébiscitée par les auditeurs et il enregistre un second 45 tours dans la foulée, A Vava Inouva (alias Mon petit papa) qui devient un succès dans toute l’Algérie, puis à travers le monde entier. Il signe dans une grande maison de disque parisienne en 1975 et sort l’année suivante un premier album reprenant le titre de son tube interplanétaire, A Vava Inouva.
Une courte mais intense discographie
Après un second album trois ans plus tard, Ayarrach Negh, Idir privilégie la scène à l’enregistrement. C’est ainsi qu’entre 1976 et 2017, ne paraîtront que sept albums studio, tandis qu’il écumera les scènes du monde entier. Il sait aussi créer l’attente auprès de son public, puisqu’il disparaît des radars pendant les années 1980, afin de se ressourcer et de composer pour d’autres artistes, en toute discrétion.
On ne le retrouve qu’en 1991 avec une compilation de ses deux premiers albums, également intitulée A vava Inouva, avec des titres réenregistrés. Un nouveau succès qui lui permet de composer de nouvelles chansons pour lui-même. Dans l’album Les Chasseurs de lumière, il s’inscrit dans la mouvance de la world music (la fameuse « musique du monde« ), avec des sonorités kabyles traditionnelles (darboukas et flûtes), celtes (harpe et cornemuse) et sa voix, reconnaissable entre mille.
Les collaborations prestigieuses du chanteur Idir
S’il chante avec Khaled en 1995, à l’occasion d’un concert de l’association L’Algérie la vie, il multiplie les collaborations artistiques pour ses albums suivants : Manu Chao, Dan Ar Braz et Maxime Le Forestier pour Identités en 1999, dans lequel il continue de mélanger ses influences kabyles à différents styles musicaux. Il chante sur un titre de Jean-Jacques Goldman dans l’album Deux rives, un rêve, interprété sur scène et enregistré en live dans l’album Entre scènes et terres, qui couronne ses trente premières années de carrière.
Il invite Grand Corps Malade, Akhenaton ou Zaho, pour l’album La France des couleurs en 2007. Avant de revenir aux sources pour ses deux derniers opus, Adrar Inu, plus acoustique et Ici et ailleurs, en 2017. Un dernier album concept, avec des chansons issues de son enfance interprétées en duo avec de grands noms tels que Charles Aznavour, Francis Cabrel et Patrick Bruel. On le reverra lors d’une ultime scène en janvier 2019, à l’occasion du nouvel an berbère. Un concert magistral à l’AccorHotels Arena et inoubliable, comme sa voix.