Daniel Belavicqua alias Christophe, vient de nous quitter. Du chanteur romantique des yéyés à la voix cristalline au crooner électro aimé de la jeune garde de la chanson française, il était également féru de cinéma pour lequel il a composé de sublimes bandes originales. Le vent d’hiver souffle décidément en avril…
Des yéyés à la reconnaissance des médias
Fasciné dès son enfance par le blues, Christophe commence pourtant sa carrière dans les années 1960 sous le rythme des yéyés. Mais à sa manière. L’artiste autodidacte détonne de ses confrères : par son style atypique, sa voix aiguë et cassée et des thématiques souvent désabusées. Il crie Aline qui lui apporte une reconnaissance immédiate, chante Les Marionnettes qui enfonce le clou et sort un premier album éponyme.
Mais il lui faut attendre les années 1970 pour se faire réellement un prénom, avec l’album Les Paradis perdus, écrit avec Jean-Michel Jarre et sous l’influence des Pink Floyd. Un succès qui amène l’album Les Mots bleus dont la chanson du même nom devient un standard immédiat. Dans la foulée, il sort des albums régulièrement souvent inspirés par le cinéma, tels Samouraï, La Dolce vita ou Le Beau Bizarre.
Il se fait plus discret dans les années 1980 (malgré le tube Succès fou et la composition du titre Boule de flipper pour Corynne Charby) jusqu’à sa réapparition en 1996 avec l’album Bevilacqua, flamboyant et nostalgique, porté aux nues par les critiques.
Un artiste hors mode
Adoubé par la presse et un public plus exigeant, Christophe se permet toutes les fantaisies. Ses disques sont plus rares, mais plus travaillés, flirtant avec l’électro. Les ventes sont moins impressionnantes, mais constantes. Comm’si la terre penchait sort en 2001, suivi par Aimer ce que nous sommes en 2008, peuplé de collaborations prestigieuses, de Florian Zeller à Isabelle Adjani. Paradis retrouvé en 2013 mêle en un seul album toutes ses influences, yéyés compris et Les Vestiges du chaos en 2016 est considéré comme son plus bel opus et comprenant un duo avec Alan Vega.
Des collaborations prestigieuses
Lui qui a l’habitude de collaborer avec de nombreux artistes reconnus comme Alain Bashung, Eddy Mitchell, Pascal Obispo ou Brigitte Fontaine, la jeune garde de la chanson française lui fait souvent les yeux doux, tel Julien Doré sur son album Ersatz. C’est ainsi qu’il décide d’enregistrer en 2019 deux albums consacrés à des duos de prestige, autour de ses chansons les plus connues.
Dans Christophe etc., il chante avec Raphaël, Camille, Étienne Daho et Sébastien Tellier et dans sa suite, Christophe etc. vol.2, il accompagne Laëtitia Casta, Juliette Armanet, Arno et Jeanne Added. Un dernier album qui résonne désormais comme un hommage de la nouvelle chanson française.
Découvrez la chronique de Christophe etc. par Emmanuelle, disquaire à la Fnac Saint-Lazare.
Le cinéma comme passion
Obsédé par le cinéma, Christophe entame également une belle histoire d’amour avec le 7e art. Le décor de son Olympia en 2000 représentait d’ailleurs un plateau de tournage. Il a d’ailleurs joué la comédie dans Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli et Jeanne de Bruno Dumont, film pour lequel il a composé la bande originale, dernière œuvre de sa part à ce jour.
Une BO qui succède à une demi-douzaine d’autres, de La Route de Salina de Georges Lautner à Par accident de Camille Fontaine. Des musiques qui sonnent comme des prolongements de ses obsessions créatrices et où toute sa singularité se déploie. Et ce, sans aucun mot bleu…