LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Martine L. (Lyon). L’écriture peut-elle sauver ? Qu’est-ce que l’écriture ? Un projet de livre ou simplement le fait de rédiger chaque jour des carnets ? L’écriture naît-elle de la souffrance ? L’usage du verbe est-il libérateur ? Sortir du déni permet-il le pardon ? Reconnaître la part d’ombre de chacun permet-il de mieux le comprendre ? L’écriture peut-elle soigner voire guérir et être une thérapie ?
Le chagrin des origines
Le coup de cœur de Martine L. (Lyon)
Un milieu privilégié
Tous ces sujets sont abordés dans ce récit autobiographique de Laurence Nobécourt. Laurence habite avec ses parents et ses sœurs dans le quartier chic du 17ème arrondissement. La famille vit dans une aisance matérielle, régie par des codes. Ses parents n’ont pas d’amis mais des « relations ». Elle a une enfance solitaire. Sa santé est fragile et la difficulté de vivre avec un problème d’eczéma lui permet de s’isoler dans son monde imaginaire.
Laurence adore sa mère, mais elle sent qu’un mystère plane autour de sa naissance. Un jour elle apprendra le véritable secret. La réalité sera difficile à accepter.
Souvenirs d’enfance
Ses souvenirs d’enfance reflètent une douceur de vivre : les vacances d’été au bord de la mer en Vendée, ou dans la propriété familiale en Sologne. Les fêtes de Noël étaient magiques : la coupe du sapin dans la forêt, la décoration, les bougies, l’histoire de l’aventure des santons de Provence et le rendez-vous de la messe de minuit dans le froid glacial. Après les vacances, c’était le retour chez les Ursulines et leur cadre strict et rigide. Laurence a du mal à vivre avec ces codes. Elle a besoin que les évènements qu’elle vit aient un sens. Elle rencontre Eva, une des prostituées qui travaillent en bas des 350 m2 qu’elle occupe avec sa famille. Elle retrouve un peu de chaleur et de protection auprès de cette femme.
La réponse au malaise
Pendant son enfance son leitmotiv est : « Personne ne m’aime ». Un père souvent absent et une mère qui n’assure pas son rôle expliquent sa souffrance psychique. Puis le décès de son père et l’hospitalisation de sa mère lui permettent de la découvrir sous un autre jour. La souffrance et la vulnérabilité la rendent douce. La confiance semble s’installer entre-elles. L’auteure s’aperçoit alors que la vie est plus forte que la mort.
La mélancolie qui habite Laurence Nobécourt depuis très jeune porte un nom : la bipolarité. Elle l’apprendra grâce à l’intervention d’un psychiatre. Heureusement la foi fervente qui l’anime lui permet de surmonter les aléas et les rêves meurtris.
Superbe roman sur l’histoire d’une vie avec ses rencontres, ses joies et ses désillusions. Si parfois la vie est compliquée, les verbes et les mots permettent d’enrichir le quotidien et de lui donner un sens. La foi et l’écriture sont les véritables remèdes liés à cette survie. Un roman optimiste et enrichissant avec une âme qui se met à nu.
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Paru le 4 septembre 2019 – 224 pages