Shonen à la limite du seinen, Tokyo Ghoul de Sui Ishida débarquait en France en 2013. Depuis, en l’espace de 14 volumes, ce manga hors catégorie a largement su se faire sa place en donnant un sérieux coup de fouet au genre.
Un manga hors catégorie
Il y a les anciens, les intouchables, les Dragon Ball, Naruto, Fairy Tail et One Piece. Puis sont arrivés les petits nouveaux déjà devenus grands, les fougueux My Hero Academia, One-Punch Man… et Tokyo Ghoul de Sui Ishida. Un manga hors-catégorie catalogué shonen « pour public averti » par Glénat en France lorsqu’il déboule sur nos gondoles en 2013 et pourtant pré-publié dans le magazine seinen Weekly Young Jump au Japon, en 2011. Tokyo Ghoul, c’est donc ce shonen aux airs de seinen (ou peut-être l’inverse), récit à l’atmosphère singulière, au dessin plus sombre et au récit plus mûr que les autres titres de son « espèce ».
Confusion des genres
L’histoire de Tokyo Ghoul nous plonge au cœur d’une capitale nippone où hommes et femmes partagent désormais leur territoire avec d’étranges créatures se nourrissant exclusivement de chair humaine, les goules. Prédateurs naturels à l’apparence anthropomorphique, elles se fondent incognito dans la masse humaine pour sélectionner en toute liberté leur prochain casse-croûte. C’est ainsi que Ken Kaneki, jeune étudiant lambda et timide, se retrouve attaqué par l’une de ces créatures. Ken ne doit sa survie qu’à une greffe des organes de la vilaine goule qui l’a agressé. Commence alors pour Ken une longue et douloureuse métamorphose.
Devenu cet être hybride mi-homme, mi-goule, le jeune homme se retrouve traversé par de nouvelles sensations, de nouveaux besoins, de nouvelles pulsions. Ken sent la « monstruosité » prendre peu à peu le contrôle de son corps, tout en s’efforçant de préserver le peu d’humanité qu’il lui reste. Son changement de nature l’amène à découvrir un monde dont il ignore tout, contraint malgré lui d’en apprendre les codes afin d’assurer sa survie. C’est ainsi qu’il fera la connaissance d’un clan de goules « pacifiques », aspirant à vivre en paix avec les humains mais réduites à vivre cachées. Et le chasseur de devenir chassé. Chassé par les goules sanguinaires mais aussi par les membres du CCG, Centre de contrôle des goules, police intraitable en charge de la traque et de l’extermination des créatures cannibales. Acculé, Ken devra alors libérer la bête qui sommeille en lui pour s’imposer comme l’une des goules les plus puissantes et respectées, bien loin du gentil petit étudiant naïf des premières pages…
Un monstre peut en cacher un autre
Le long d’une ligne dramatique tout en crescendo, ce Tokyo Ghoul se révèle un fascinant parcours initiatique doublé d’une réflexion à la profondeur insoupçonnée, dissimulée derrière un graphisme faussement généraliste. Qui du monstre ou de l’homme est le plus monstrueux ? Sui Ishida fait plus que poser la question. Avec ces goules pacifiques et ces humains peu enclins à accepter la différence, le mangaka pose l’intolérance au cœur de sa série traversée par une myriade de personnages et rythmée par autant de combats épiques… jusqu’au final dantesque. Sombre mais jamais malsain, Tokyo Ghoul est un manga à la violence indéniable (pour un shonen) mais au service d’un propos des plus pertinents. Et si vous ressortez conquis de ces 14 volumes, sachez qu’il existe une suite, Tokyo Ghoul : Re, avec 16 nouveaux titres à vous mettre sous la dent.
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