Comédien principal sur les planches de théâtre, Michel Aumont a souvent joué les seconds couteaux dans le cinéma français, collectionnant pour les plus grands réalisateurs, les rôles de pères, puis de grands-pères ou de commissaires. Il vient de nous quitter, à l’âge de 82 ans.
Un homme de planches
C’est au théâtre que Michel Aumont voue tout d’abord sa carrière, obtenant très rapidement des prix prestigieux, entrant à la Comédie Française en 1956, à l’âge de 20 ans seulement. Onze années plus tard, il en devient le 440e Sociétaire, puis Sociétaire honoraire en 1994. Entre 1955 et 2015, pour la Comédie Française ou dans le théâtre privé, il joue les premiers rôles dans des textes de Diderot, Molière, Feydeau, Shakespeare, Strinberg ou Jon Fosse, mettant dans chaque personnage la même ardeur, la même habileté à se grimer et à disparaître dans ses rôles. Un talent récompensé de quatre Molière, notamment pour Macbett d’Ionesco. Sa dernière nomination datait de 2016, pour son interprétation dans Le Roi Lear.
Un second rôle inoubliable
C’est donc tout naturellement que le cinéma lui a fait les yeux doux, l’attirant dans ses filets dans plus d’une centaine de films à partir des années 1970. Mais si Michel Aumont, roi des planches, séduit les réalisateurs de renom, on lui offre surtout des seconds rôles, tous mémorables (trois nominations au César du Meilleur second rôle masculin en attestent). Il tourne pour Claude Chabrol (Nada en 1974), Claude Pinoteau (La Gifle en 1975), Bertrand Tavernier (Des enfants gâtés, Un dimanche à la campagne), Georges Lautner (Mort d’un pourri), donne la réplique à Alain Delon (Monsieur Klein), Catherine Deneuve (Courage, fuyons), Gérard Depardieu (Les Compères) ou Fabrice Luchini (Beaumarchais l’Insolent). Souvent père et grand-père, il touche le public par son flegme naturel dans des films tels qu’Au petit Marguery, Palais Royal ! ou encore Un balcon sur la mer. Michel Aumont avait l’art d’être à l’aise dans chacun de ses personnages. Et de les rendre, tout comme lui, inoubliables.