Acteur fétiche de Paul Verhoeven et connu pour ses nombreux rôles d’anti-héros atypiques, l’acteur néerlandais Rutger Hauer vient de nous quitter. L’emblématique Replicant de Blade Runner aura tourné dans plus d’une centaine de films et une vingtaine de séries télévisées.
Une rencontre essentielle
Tout prédestinait Rutger Hauer à devenir comédien. Même si ce dernier se destinait à une carrière de marin. Ses parents, également acteurs, le poussent à prendre des cours de théâtre. La carrure et la chevelure dorée de Rutger Hauer ne passent pas inaperçues et à 25 ans, il rencontre celui qui va devenir son mentor, son compatriote néerlandais Paul Verhoeven. Ensemble, l’un devant la caméra, l’autre derrière, ils tournent la série télévisée Floris qui les révèle tous deux. Ils enchaîneront, entre autres, les films dérangeants Turkish Délices, Le Choix du destin et surtout La Chair et le Sang, en 1985, au côté duquel Game of Thrones passe pour une simple comédie médiévale. Ce sera leur dernière collaboration. Entre-temps, Rutger Hauer écoute les sirènes hollywoodiennes et impose son physique particulier dans de nombreuses productions.
Une carrière internationale
En 1982, sa carrière décolle devant la caméra de Ridley Scott, qui fait de lui le Replicant Roy Batty dans Blade Runner. À l’époque, le film ne remporte pas le succès escompté, mais Hauer se fait remarquer. On le retrouve chez Richard Donner (Ladyhawke, la femme de la nuit), Phillip Noyce (Vengeance aveugle) et après une succession de rôles plus ou moins mineurs dans des films de catégorie Z, il se distingue chez George Clooney (Confessions d’un homme dangereux), Christopher Nolan (Batman Begins) ou encore Luc Besson (Valérian et la Cité des mille planètes). Simple caméo ou personnage secondaire, à chaque fois, Rutger Hauer imprime la pellicule de son regard d’acier. Comme dans les différentes séries télévisées où il trouve des rôles à sa démesure, que ce soit dans Smallville, True Blood ou dernièrement, Channel Zero. Il obtient d’ailleurs en 1988 le Golden Globe du meilleur acteur de second rôle pour la mini-série Les Rescapés de Sobibor. Trente ans plus tard, il emporte avec lui son charisme et le souvenir de personnages désormais mythiques.
En guise d’épitaphe, le légendaire Tears in the rain de Roy Batty à la fin de Blade Runner, sans doute l’un des monologues les plus émouvants du cinéma :
« J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire… De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion… J’ai vu des rayons fabuleux… Des rayons C briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser… Tous ces moments se perdront dans l’oubli… comme… les larmes dans la pluie… Il est temps de mourir. »