L’Instant Lire à la Fnac : le rendez-vous littérature à ne pas manquer. Tous les mois, Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, vous conseille un événement et une découverte. Dans ce numéro de février, des œuvres et des voix singulières qui réinventent la langue : Maryse Condé, récemment récompensée par le Prix Nobel alternatif de littérature, et Bertrand Belin, musicien et romancier atypique.
L’Événement : Maryse Condé rééditée
Maryse Condé a 39 ans quand paraît en 1976 son premier roman, Hérémakhonon. Depuis, la romancière guadeloupéenne, qui a également été professeure de littérature et journaliste, a construit une œuvre riche et protéiforme, récompensée en décembre dernier par le prix Nobel alternatif de littérature de la Nouvelle Académie*. À 85 ans, elle est une écrivaine accomplie, considérée comme « l’une des grandes voix de la littérature française contemporaine ». Son œuvre est traduite dans de nombreux pays. Sa bibliographie remarquable se distingue « aussi bien dans son message ouvertement politique que dans la richesse de sa langue extrêmement inventive. »
Maryse Condé, qui n’a plus rien à prouver, voit cette année plusieurs de ses titres réédités et remis en vente. C’est le cas de son chef d’œuvre, Ségou (tome 1 et tome 2), un diptyque publié en 1984 et 1985 qui retrace le destin de la famille Traoré sur plusieurs générations. Dans cette saga familiale, l’auteure soulève des questions autour de la religion, de la question coloniale, de la place des femmes dans la société… Sans pour autant tomber dans le « roman à thèse un peu barbant », elle signe « une grande fresque feuilletonesque » passionnante. Maryse Condé, ou l’écriture pour comprendre le monde.
*L’édition 2018 du prix Nobel de littérature a été annulée à la suite du scandale sexuel touchant l’Académie suédoise et remplacée par le prix Nobel alternatif de littérature décerné par la Nouvelle Académie.
La Découverte : Bertrand Belin sur le papier
Le chanteur et romancier Bertrand Belin signe en ce début d’année 2019 deux nouveautés, l’une musicale – « l’excellent album Persona » –, l’autre littéraire – le roman Grands carnivores. Un livre singulier et vénéneux, emblématique de l’univers « particulièrement étrange » de Belin, où deux frères s’affrontent : l’aîné, ambitieux directeur d’une entreprise de boulons, entretient une jalousie violente envers son frère cadet, « un peintre plus ou moins raté ». Alors que le jeune frère expose ses toiles au Grand Hôtel, un cirque s’installe en ville, et drame… les fauves se font la malle. L’échappée féline va devenir la toile de fond de la rivalité fraternelle. Car « les carnivores peuvent prendre des traits très inattendus… »