Le 14 mars prochain, nous commémorerons les dix ans de la disparition d’Alain Bashung. L’occasion de revenir sur la carrière d’un des musiciens les plus populaires de la chanson française, dont l’œuvre n’a de cesse d’inspirer et d’étonner.
En aval
Alain Bashung est mort, vive Alain Bashung ! Chanteur le plus primé aux Victoires de la Musique jusqu’en 2018, il continue d’enchanter la variété française même après sa disparition. Deux albums sont sortis pour faire entendre sa voix atypique, au timbre nasillard et à la diction nonchalante. Une réécriture toute personnelle de l’album L’Homme à tête de chou de Gainsbourg (avec qui il avait collaboré en 1982) en 2011 et un album de chansons originales, En amont, en 2018, composé de titres inédits enregistrés lors de la préparation de l’album Bleu pétrole. On y retrouve tout le talent musical de Bashung, recouvrant de mélodies sombres et puissantes les mots de Dominique A, Doriand ou Raphaël. Le succès de cet album posthume rappelle toute l’importance artistique qu’a revêtu Bashung depuis ses tout débuts en 1966.
Fantaisie intemporelle
Il lui faudra tout de même attendre 1979 pour connaître ses premières louanges de la part des critiques et du public, avec l’album rock et tourmenté Roulette russe, porté, lors de sa réédition, par le tube Gaby oh Gaby. Le premier d’une longue série, de Vertige de l’amour en 1981 à Ma petite entreprise en 1995, en passant par Osez Joséphine, Madame Rêve ou La nuit je mens. Si sa carrière est en dents de scie, enchaînant triomphes et albums plus confidentiels, il signe un chef d’œuvre intemporel avec Fantaisie militaire en 1997 (avec Jean Fauque aux textes), trois fois récompensé aux Victoires de la Musique. Un opus reconnu d’ailleurs comme le 9e meilleur album de rock français, d’après le magazine Rolling Stone. Bashung aura également donné de la voix autrement, sur les plateaux de cinéma, dans une vingtaine de productions (Félix et Lola de Patrice Leconte, J’ai toujours rêvé d’être un gangster de Samuel Benchetrit ou Arthur et les Minimoys de Luc Besson).
Immortel
Dix ans après sa mort, Bashung demeure indétrônable et inclassable. Il continue d’inspirer artistes confirmés ou jeunes pousses de la variété, comme le confirme le disque Tels Bashung paru en 2011, sur lequel Benjamin Biolay côtoie les BB Brunes, où Vanessa Paradis succède à Gaëtan Roussel (artisan de Bleu pétrole) et Keren Ann précède Dionysos. Une pièce, Dernières nouvelles de Frau Major, interprétée par Brigitte Fontaine, Miossec ou Bertrand Cantat, confirme la place toute particulière qu’occupait et occupe toujours Alain Bashung. Celle d’un artiste hors norme qui a « passé le Rio Grande » et y attend sa Joséphine.