Ce 19 décembre sort sur les écrans L’Empereur de Paris, nouvelle adaptation cinématographique de la vie mouvementée d’Eugène-François Vidocq, ancien bagnard devenu policier. C’est Vincent Cassel qui incarne ce héros du XIXème siècle devenu une figure majeure de la littérature et du cinéma français. Retour sur sa trajectoire dans la vie et à l’écran.
Des débuts délictueux
L’existence de François Vidocq nous est connu à la fois par ses Mémoires (écrites par les prêtes-plumes Lhéritier et Morice) et par la légende qui s’est forgée autour de lui à Paris au début du XIXème siècle. Né à Arras en 1775, il est d’abord soldat, avant d’entamer une « carrière » d’escroc à la petite semaine, qui lui vaut bien vite une condamnation. Bagnard dans différentes geôles en France, il parvient à s’évader plusieurs fois.
Une vie de roman
En 1800, il arrive à s’échapper du bagne de Toulon et entre au service du préfet de Police de Paris, Étienne Pasquier, comme indicateur. Il devient ensuite le chef de la brigade de Sûreté, un service entièrement composé d’anciens forçats. Son efficacité, sa réputation dans le Milieu et ses méthodes assez brutales font rapidement des résultats, endiguant la criminalité de la capitale. Mais l’absence de soutien politique durable et son côté peu orthodoxe l’amène à être régulièrement mis au ban de la Sûreté, jusqu’à 1827, date à laquelle il se lance dans une carrière de papetier qui ne durera pas. En 1833, il monte la première agence de détective privé française, qui ne sera pas non plus un succès complet. Devenu conférencier et rendant encore quelques coups de main à la police, il meurt en 1857, après une vie dont l’ambivalence et la richesse vont servir bientôt d’inspiration dans le domaine de la fiction.
Une postérité gigantesque
Balzac puise en premier dans la mythologie de Vidocq : le policier ex-bagnard est la principale source pour le personnage de Vautrin, que l’on peut découvrir dans Le Père Goriot et Illusions perdues, entre autres. Victor Hugo (pour plusieurs figures des Misérables) ou Eugène Süe, l’un des premiers romanciers de polar français avec Les Mystères de Paris, se servent de cette figure de l’Empire et de la Restauration dans leurs livres.
Le cinéma puis la télévision vont bien vite s’emparer du mythe, avec notamment des interprétations d’Harry Baur au temps du muet et de Bernard Noël ou Claude Brasseur dans des feuilletons restés fameux. Plus récemment, Pitof en livra une version très revisitée dans Vidocq (avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre) qui reste le premier film de l’histoire du cinéma entièrement tourné en numérique.
L’Empereur de Paris, dernière adaptation en date de la vie de l’ancien forçat, voit enfin Vincent Cassel retrouver, après les deux volumes de Mesrine, le réalisateur Jean-François Richet, dans une adaptation prestigieuse qui va permette à une nouvelle génération de découvrir ce personnage ambigu mais passionnant de l’histoire de France.