Bernardo Bertolucci était un cinéaste ambivalent, capable de tourner des films à faire crier au scandale comme Le Conformiste ou Dernier tango à Paris, et d’autres qui lui valurent une ovation internationale et parmi les prix les plus prestigieux, tel que Le Dernier Empereur. Ultimo maestro du cinéma italien et star du cinéma international, le grand Bertolucci s’en est allé à l’âge de 77 ans.
Un destin tout tracé
Bernardo Bertolucci a toujours baigné dans le septième art. Un père poète et critique de cinéma, des courts-métrages réalisés dès l’âge de 15 ans, une rencontre avec Pier Paolo Pasolini déterminante à l’âge de 20 ans : sa voie était toute tracée. Pasolini lui confiera en effet le poste d’assistant réalisateur sur le film Accatone, ce qui vaudra au jeune Bertolucci d’être contacté pour réaliser ses propres films, dont Prima della Rivoluzione. Un long-métrage autour du militantisme communiste italien qui le fera remarquer au Festival de Cannes en 1964 et le révèlera au monde entier. Dès lors, la carrière de Bernardo Bertolucci est lancée, en tant que réalisateur, mais aussi scénariste. On lui doit en effet, en plus de ceux de ses films, les scripts d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone ou encore Tu mi Turbi de Roberto Benigni.
Entre scandale et spiritualité
S’il n’a réalisé que 18 films entre 1962 et 2012, chacun d’entre eux est une fresque qui ne laissa ni les critiques, ni les spectateurs, indifférents. Des œuvres au souffle épique toujours traversées par un parfum de souffre. Par des obsessions de mal tapi dans l’ombre et destiné à détruire amours et familles. Que ce soit dans la montée du fascisme vue et vécue par un jeune homme agressé sexuellement (Le Conformiste, avec Jean-Louis Trintignant, en 1970), la passion scandaleuse du Dernier Tango à Paris (1972), le destin de deux jeunes garçons sur plusieurs décennies (1900, en 1976), ou les amours licencieuses de trois jeunes gens dans Innocents : the Dreamers, en 2003. Des thèmes qui ne le quitteront pas, même quand il réalisera Le Dernier Empereur, grandeur et décadence du dernier empereur chinois et première œuvre occidentale à avoir été tournée dans la Cité interdite. Le film se vit récompensé en 1988 de récompenses internationales, dont les Oscars du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur.
Bertolucci a réussi la rare prouesse de réunir devant sa caméra des immenses stars, de Marlon Brando à Gérard Depardieu, en passant par Robert De Niro, John Malkovich (Un thé au Sahara) ou encore Keanu Reeves, dans l’Himalaya de Little Buddha. Tout en révélant de nouveaux visages, qui lui doivent l’envol de leur carrière : Louis Garrel, Eva Green ou encore Liv Tyler (dans Beauté volée). Rien que pour cela, Bertolucci restera sans doute longtemps le dernier empereur du cinéma italien…