LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau). Nostalgique de par l’époque qui nous renvoie à notre propre vécu, de par le lieu, choisi semble-t-il comme un amplificateur de tristesse, de par le parti pris de faire vivre ces jeunes, Anthony, Hacine, Steph, Clem, dans un milieu désœuvré, pauvre, en fin de droit.
Leurs enfants après eux
Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau)
Nostalgique de par l’époque qui nous renvoie à notre propre vécu, de par le lieu, choisi semble-t-il comme un amplificateur de tristesse, de par le parti pris de faire vivre ces jeunes, Anthony, Hacine, Steph, Clem, dans un milieu désœuvré, pauvre, en fin de droit.
Quatre étés dans la vallée des Hauts Fourneaux
Tous les arguments sont mis en place pour dévoiler les existences de ces adolescents : la drogue, l’amour, le vol, l’entraide, le mystère. Une moto volée sert de fil conducteur à ce passage de l’adolescence à l’âge adulte.
On est donc appâté dès le début du livre, et la vie dans la vallée des Hauts Fourneaux éteints ne quitte plus notre pensée. On passe quatre étés avec Anthony, enfant sans avenir, sans échappatoire, coincé dans une famille brisée, résignée, qui écoute les parents raconter à quel point c’était mieux avant, du temps où la vallée était en plein essor.
Sous le regard d’Anthony
Ce qui nous tient au cœur, c’est le regard juste et pertinent sur cette société, loin des grandes villes, désabusée et sans espoir, des soubresauts vite calmés, des explications superficielles, des espoirs en marge et qui n’aboutissent pas, du racisme au travail et dans la rue. « Il se trouvait tout un imbroglio de règles tacites, de méthodes coercitives héritées des colonies, de classements apparemment naturels, de violences instituées qui garantissaient la discipline, et l’échelonnement des humiliés. »
Anthony va se construire en se confrontant aux petits délits des uns, aux amours sans concession des autres, pris entre désir de loyauté et besoin de liberté.
La description de la sexualité de ces adolescents est d’une justesse rare. Dans un style concis et parfait, Nicolas Mathieu nous entraine dans une histoire passionnante où la vivacité et la véracité des dialogues fait mouche, et où une philosophie de vie se dégage, comme un leitmotiv sur l’apprentissage difficile de la vie.
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Parution le 22 août 2018 – 425 pages