Décryptage

Les jeux vidéo : reflets et critiques de la société

24 mai 2018
Par Dimitri
Les jeux vidéo : reflets et critiques de la société

Dire que les jeux vidéo sont désormais respectés et même devenus une forme de récit à part entière revient à enfoncer des portes ouvertes. La véritable information, c’est que les « video games » ne sont plus de simples divertissements : tout comme leurs homologues cinématographiques, leurs scénarios sont désormais complexes et n’hésitent pas à tacler notre société. Voici une sélection de titres qui se rebellent contre l’autorité.

Mon criminel bien-aimé

Le cinquième volet de la saga Grand Theft Auto (GTA pour les intimes) collectionne les records et engrange des bénéfices astronomiques. En soi, c’est une « success story » comme une autre. Sauf que GTA est l’épine dans le pied de certains. Nombreux sont les politiciens, associations familiales et autres représentants de la morale à condamner la série fétiche de l’éditeur Rockstar Games. Après tout, le but de ces jeux est de commettre des crimes. Foncièrement anarchiste, anticonformiste, la série GTA est avant tout un pied de nez (si ce n’est pire) au politiquement correct qui régit nos sociétés parfois trop aseptisées.

GTA-V-2

Libérez, délivrez

En matière de critique sociale acerbe et hyper pointue car précisément dans l’air du temps, Far Cry 5 est un modèle du genre. Le dernier fleuron de la franchise, où il est question d’explorer un lieu sous l’emprise d’un pouvoir totalitaire, a pour décor le Montana, région rurale des États-Unis. Impossible de rater les parallèles avec l’Amérique rétrograde trumpiste… Dans le jeu il s’agit de libérer une ville d’un mystérieux culte, mais le message peut sans problème être appliqué à tout un pays qui semble vivre des moments compliqués et déroutants de son histoire.

FAR-CRY-5-FINAL

Sous les gratte-ciel, le sable

Spec Ops The Line pourrait n’être qu’un simple jeu militaire où l’on contrôle des soldats en mission dans un Dubaï enseveli par les sables. Leur but est de sauver ce qu’ils peuvent et d’envoyer un message de sauvetage. Mais là où Spec Ops se différencie, c’est dans les choix qu’est amené à faire le joueur. Il n’y a pas de décisions évidentes, chaque choix à des conséquences, parfois tragiques. La guerre, n’est pas un jeu. C’est le message in fine très étonnant de ce titre qui a l’audace (qui lui réussit très bien) de se référer à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola et à son modèle littéraire Au cœur des ténèbres, immense roman de Joseph Conrad.

Un silence assourdissant

Inside et Limbo sont deux titres très similaires et complémentaires. Tous deux proposent une narration linéaire, des mondes étranges, un héros qui part à la redécouverte de lui-même et de ce qui l’entoure. Pendant ce périple, aucun mot n’est prononcé, pas une lettre ne s’affiche à l’écran… et pourtant le message est limpide. Au-delà de la prouesse narrative (amplement récompensée par d’innombrables prix), ce qui fascine dans ces jeux c’est la fluidité de l’animation et la charge émotionnelle qui se dégage de l’histoire. Limbo et Inside nous plongent dans des sociétés déshumanisées, où la plupart des êtres sont devenus des ombres lobotomisées. Véritable ode à la rêverie, à la force de l’imaginaire, ces deux pépites exhortent le joueur à se libérer des chaînes d’un monde qui le tire vers le bas.

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Petit Sim deviendra grand

Cela fait plus de vingt ans que les jeux SimCity tentent de nous apprendre à gérer une ville, satisfaire la population et maîtriser les facteurs environnementaux. À voir les villes dans lesquelles nous vivons, il semblerait que les administrateurs n’ont pas assez joué ! Subtile critique de la société de consommation, SimCity 5 est un nouveau chapitre dans cette quête utopique. Peut-être que le message est justement là : il n’y a de ville parfaite que virtuelle !

Esprit totalitaire, quand tu nous tiens…

Qui n’a jamais rêvé de gérer en dictateur absolu une petite île des Caraïbes ? Devenir despote dans le confort de son salon et régner sur les cocotiers ensoleillés ! Comment fait-on pour asseoir son pouvoir pendant des siècles ? Pour placer des membres de sa famille dans des postes-clefs ? Tant de questions qui trouveront enfin leurs réponses dans Tropico 5. Parce qu’au fond de chacun de nous sommeille un dictateur qui ne demande qu’à exprimer l’étendue de son autorité.

TROPICO-V-FINAL

Ce n’est pas mieux après

La série Fallout a beau se dérouler aux 22ème et 23ème siècles, le design rappelle les années 50, c’est ce qu’on appelle l’esthétique retrofuturiste atompunk. Tout cela pour préciser que l’action est techniquement située dans l’avenir, la critique de la société, elle est bien dirigée contre nos valeurs actuelles. Dépeignant un monde qui souffre des retombées atomiques, un univers post-apocalyptique donc, Fallout 4 continue de prouver à quel point l’homme n’apprend rien de ses malheurs et continuera toujours à se comporter mal, très mal. Face à l’adversité et à la désintégration de la société, Fallout propose une vision sombre et dérangeante d’une humanité médiocre et animée par de bien bas instincts. 

Fallout-4-FINAL

Article rédigé par
Dimitri
Dimitri
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