Critique

Paprika au théâtre de la Madeleine

22 mars 2018
Par Dominique
Paprika au théâtre de la Madeleine

Eva mène une vie dissolue, solitaire et joyeuse. Lorsqu’au lendemain d’une soirée particulièrement arrosée, Luc, un beau jeune homme qui prétend être son fils, sonne à sa porte, elle n’ose pas lui avouer son identité et se fait passer pour la bonne. Les quiproquo ne font que commencer… Pierre Palmade signe une pièce de boulevard digne des meilleurs classiques de la comédie avec Victoria Abril et Jean-Baptiste Maunier.

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Une comédie épicée !

Non content de s’être écrit l’un des meilleurs « seul en scène » de l’année (Aimez-moi)Pierre Palmade, en suivant à la ligne la recette d’un bon boulevard, a su concocter une délicieuse comédie spécialement pour sa pétillante interprète principale. Car il existe de très bons boulevards. Ce genre, souvent décrié, cache, heureusement, quelques perles qui pourraient devenir des classiques de comédie au même titre que les pièces de Feydeau, Courteline, Labiche. Il n’y a aucune raison de bouder notre plaisir, quand se présente, comme c’est le cas ici, une joyeuse farce qui, partant d’un mensonge initial, entraine une suite de complications et de quiproquos délirants donnant lieu à quelques scènes d’anthologie ou les comédiens sont obligés de marquer un temps en attendant que les applaudissements du public s’amenuisent. Du rarement vu au théâtre récemment.

Lorsque l’enfant parait…

Eva mène une vie dissolue : meneuse de revue dans un cabaret de Pigalle, ce drôle oiseau de nuit fait la fête, picole, se marre et s’envoie en l’air, de préférence de beaux jeunes hommes. Au lendemain d’une nuit particulièrement arrosée, qu’elle a terminé elle ne sait trop comment déguisée en tyrolienne (si si) on sonne à la porte : un grand gaillard de 28 ans qui prétend être son fils abandonné à la naissance réclame sa mère…

Complètement prise au dépourvu et paniquée, la vive Eva ne trouve rien de mieux que de prétendre être la bonne qui répond au doux nom (trouvé sur un pot de cuisine) de Paprika. Gros mensonge qui va entraîner les personnages dans une farandole de situations toutes plus absurdes et drolatiques les unes que les autres. Mais jusqu’à quand, avant que la vérité éclate… ?

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Le club des cinq

Comme pour ses spectacles, l’écriture de Pierre Palmade fait la part belle aux bons mots et saillies verbales réjouissantes. Mais ce qui marque encore ici, c’est le portrait de ces cinq personnages, a priori tous plus barrés et paumés les uns que les autres, qu’il dépeint avec beaucoup d’humour et d’amour, sans méchanceté ni vulgarité malgré des propos non édulcorés et des situations parfois très cash. L’auteur, avec un beau talent d’équilibriste, ne franchit jamais les limites du mauvais goût et de la bienséance : du grand art.

Au final, tous les protagonistes, a priori éloignés de notre univers ou de notre quotidien, par leurs blessures cachées et leur humanité finissent par nous être très proches et surtout extrêmement attachants. Le rôle d’Eva/Paprika a été très visiblement écrit pour la pétulante Victoria Abril, naturellement drôle. Par son énergie, sa beauté, son charme, sa sensibilité, elle est l’incarnation tonique idéale de ce beau personnage.

Les autres partitions théâtrales n’en sont pas moins brillamment exécutées. Il y a d’abord Clémentine, la meilleure amie d’Eva, campée par l’irrésistible Prisca Demarez, stripteaseuse au grand cœur, nymphomane, hilarante de naïveté et de lubricité mélangées. Son incroyable scène de soulographie est l’un des grands moments de ce spectacle, salué par un public enthousiaste.

Jean-Baptiste Maunier, « rescapé » des Choristes, campe un fils un peu paumé, bac + 5, au chômage, perdu au milieu de cette « nouvelle faune ». Il est émouvant et juste.

Il y a encore le concierge, romantique amoureux éconduit de la belle Eva, épatant et drôlissime Julien Cafaro. Tout comme Jules Dousset, le pompier, dernier amant en date de la belle Eva au physique certes très avantageux, mais comment dire… Un peu bêta et prosaïque.

Un casting idéal au jeu toujours naturel et juste. Tous les personnages ont une belle partition et certains même quelques morceaux de bravoure mis en valeur pas la mise en scène très efficace de Jeoffrey Bourdenet. Le public ne s’y trompe pas et vient nombreux chaque soir, pour rire de bon cœur et faire un triomphe, dans un tonnerre d’applaudissements pendant et à l’issue de ce spectacle très réussi, l’une des meilleures comédies qui nous soit permis de voir en ce moment. Alors il ne tient qu’à vous de venir rejoindre la cohorte des admirateurs d’Eva-Paprika-Victoria et de ses amis !

Paprika : Théâtre de la Madeleine


Du 27 janvier 2018 au 21 avril 2018

De : Pierre Palmade

Mise en scène : Jeoffrey Bourdenet

Distribution : Victoria Abril, Jean Baptiste Maunier, Prisca Demarez, Julien Cafaro, Jules Dousset

Article rédigé par
Dominique
Dominique
passionné de Théâtre