Christian Guay-Poliquin revient avec un second roman tout aussi fort et marquant que son premier, le réussi Fil des kilomètres. Il raconte l’histoire de deux hommes forcés de partager la véranda d’une maison abandonnée alors qu’une panne d’électricité sans précédent paralyse tout le pays depuis plusieurs semaines. Au plus fort de l’hiver, ces deux hommes vont devoir cohabiter et s’entraider, écrasés par le poids de la neige qui recouvre tout d’un épais manteau blanc.
Huis clos
D’eux, on ne saura pas grand-chose. Le plus vieux, Matthias, faisait un tour d’auto lorsqu’il s’est retrouvé au village, pris au piège par les événements. L’autre, le narrateur, a été victime d’un terrible accident de la route aux abords du village. Shooté aux antidouleurs, il se mure dans le silence, refuse d’expliquer ce qui l’amène dans ce coin perdu. Qu’à cela ne tienne, certains villageois le reconnaissent, lui racontent les dernières nouvelles. Certains montent jusqu’à la maison, ils les ont à l’œil, les deux rescapés.
Matthias doit faire en sorte que le blessé survive. Coûte que coûte. Parce que, malgré tout, le narrateur est l’un des leurs. Parce que le vieil homme veut absolument une place dans le convoi qui partira au printemps vers la ville. Parce que Matthias n’a pas vraiment le choix. Ils sont prisonniers l’un de l’autre. C’est aussi pour lui la seule possibilité d’avoir à manger et du bois pour se chauffer. L’objectif ultime : vivre jusqu’au printemps.
La neige
Parce que cette neige qui recouvre tout, sublime le paysage et isole les gens, se transforme en une sorte d’enfer blanc. La véranda de la maison abandonnée dans laquelle les deux hommes se sont réfugiés est à plus d’une heure de marche du village le plus proche. C’est dire leur isolement. La neige et la glace fragilisent aussi le frêle abri des deux hommes. La structure craque, gémit sous le poids de la neige qui s’accumule au-dessus d’eux, telle l’épée de Damoclès. La métaphore d’un monde en devenir. Ou pas. Puis, lentement, inexorablement, cette neige se met à fondre, le printemps pointe le bout de son nez. La nature reprends ses droits, insensible à l’espoir qui agite de nouveau les hommes.
Sans être totalement un roman d’anticipation, Le Poids de la neige reprend quelques-uns des codes du genre pour interroger le lecteur sur la futilité des différentes technologies. À quoi cela sert-il lorsqu’il n’y a plus d’essence, d’électricité pour les faire fonctionner ? Comment survivre dès lors, comment retrouver sa place dans une nature qui se fout bien de tout cela?
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Parution le 10 janvier 2018 – 251 pages
Le Poids de la neige, Christian Guay-Poliquin (Éditions de l’Observatoire) sur Fnac.com