LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Évy V. (Sceaux). Dans la Chine de la Révolution Culturelle selon Mao, deux adolescents risquent leur vie, chaque jour, pour avoir le plaisir de lire. L’un deux, Luo, entreprendra même de transformer leur amie, La Petite Tailleuse, grâce aux livres. Mais, un livre peut-il changer une vie ?
Balzac et la Petite Tailleuse chinoise
Le coup de cœur d’Évy V. (Sceaux)
Dans la Chine de la Révolution Culturelle selon Mao, deux adolescents risquent leur vie, chaque jour, pour avoir le plaisir de lire. L’un deux, Luo, entreprendra même de transformer leur amie, La Petite Tailleuse, grâce aux livres. Mais, un livre peut-il changer une vie ?
La Chine de Mao
À la fin de l’année 1968, Mao fait fermer les universités. Dès lors, tous les « jeunes intellectuels » sont envoyés dans les campagnes, afin d’être « ré-éduqués par les paysans pauvres ». C’est ainsi, qu’en 1971, le narrateur et son ami Luo arrivent dans un village de la Montagne du Phénix, pour travailler aux champs et à la mine. Leur village d’affectation est tellement loin de tout que les paysans manquent de distraction. Cette situation est une chance pour les deux jeunes, car le chef du village décide de les envoyer, de temps en temps, en ville, avec pour mission d’aller y voir des films, et de revenir ensuite au village, afin d’animer des « séances de cinéma oral ».
Lire pour changer de vie
En ville, les deux garçons font la connaissance d’une Petite Tailleuse sympathique, mais « pas civilisée ». Si les villageois sont avides d’entendre les histoires contées par les deux adolescents, en revanche, ces derniers éprouvent une inextinguible soif de lecture. Les livres (qu’ils lisent en cachette, car interdits par Mao) leur apportent du réconfort : ils peuvent s’évader en pensée et ainsi supporter leur condition rude et vide de sens. Et surtout, grâce aux romans, ils peuvent s’éveiller à l’amour. Luo se met donc en tête de raconter, puis lire, des passages de romans (de Balzac) à la Petite Tailleuse, afin que la jeune fille ne soit « plus jamais une simple montagnarde ».
Avec Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise, Dai Sijie nous offre un beau roman initiatique, tout empreint de sensibilité, où l’éveil des sens s’avère exacerbé par le carcan imposé par la Chine Révolutionnaire. Également ode à la littérature classique française, ce livre m’a ravie !
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Paru en septembre 2001 – 228 pages