Ancien cadre supérieur reconverti à l’épicerie, Olivier Chantraine signe Un élément perturbateur, un premier roman plein d’humour sur les torts et les travers du carriériste contemporain. Un récit fluide et pertinent. Et un auteur à suivre…
Manifeste du parti dilettante
À quarante ans passés, Serge n’a pas fait grand-chose de sa vie. Et ne s’en trouve pas plus mal. Sa sœur l’héberge. Son ministre de frère lui fournit des emplois faciles. Il est libre de s’adonner en toute tranquillité à des conjectures sur la vie, la mort, et le caractère ridicule de l’ambition personnelle. Sa seule passion : courir les pharmacies à la recherche de nouveaux remèdes capables de soulager des maux imaginaires. Hypocondriaque consommé, glandeur et fier de l’être, il se contenterait volontiers de ce petit univers protecteur. Jusqu’à ce que… la belle Laura ne fasse irruption dans sa vie, son frère ne se mette à rêver de l’Elysée, et la vie de bureau ne prenne un intérêt soudain. Tel un Don Quichotte de l’open space, il s’embarque dans une croisade personnelle, entre vengeance et nonchalance.
La liste de leurs bêtises
Olivier Chantraine a longtemps travaillé dans la grande distribution. On devine qu’il a aussi passé quelques soirées à peaufiner son écriture : sa prose est impeccable et s’émaille de touches de sarcasmes qui font mouche. Quelque chose d’un Grégoire Delacourt, version cynique. Ou d’un Éric Reinhardt qui serait devenu flemmard. Les thèmes abordés dans Un élément perturbateur – soif d’argent, course au pouvoir et à la reconnaissance – font bien écho au monde actuel. Si l’on regrette quelques tournures faciles et qu’on aurait aimé voir certains personnages développés davantage, on se réjouit de l’émergence de cette nouvelle voix française agréablement lucide. Un auteur à suivre.
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Paru le 24 août 2017 – 288 pages