LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Françoise C. : « Le mythe des sœurs Justa et Rufina (Saintes patronnes de Séville), les tableaux qu’il a inspirés, leur auteur servent d’intrigue à ce roman. Un roman passionnant qui traite de la complexité et de la magie de la création, et montre que le génie transcende tout et qu’un mentor bienveillant et inspiré rassure l’auteur de son talent. »
Les Filles au lion
Le coup de cœur de Françoise C. (Courbevoie)
Deux époques en parallèle
1967, la Skelton galerie de Londres. On découvre : Odelle native de Trinidad. Elle désire devenir écrivain. Récemment embauchée comme secrétaire par Marjorie Quick, à la tête de la galerie avec Edmund Reed le directeur. Ajoutons Lawrie « amoureux » d’Odelle qui souhaite faire expertiser à la Skelton un tableau que lui a légué sa mère.
1936, en Espagne. Une finca à Arazuelo, petit village d’Andalousie, accueille Harold, marchand d’art, sa femme Sarah riche héritière et star en dépression et leur fille Olive reçue à la célèbre Slade School of Fine Art. Pour compléter le tableau ajoutons deux jeunes espagnols frères et sœur, Teresa et Isaac Roblès qui entrent au service de la famille.
Une énigme
Un, puis plusieurs tableaux sont peints, certains s’inspirant du mythe des deux sœurs Justa et Rufina. Des tableaux merveilleux pour tous ceux qui les voient.
Le thriller est total dans les deux époques : au moment des faits en 1936, et en 1967 quand ressurgit le dernier tableau. Va-t-on enfin attribuer ces œuvres à leur véritable auteur ?
L’autre point fort du livre : le choix de l’Espagne
La concordance entre le lieu, merveilleuse Andalousie, sa lumière, ses couleurs, son âpreté, sa ferveur, le contexte politique ; la guerre d’Espagne qui est en marche avec ses luttes fratricides et bien sûr le mythe de Justa et Rufina qui glorifie la résistance, la pugnacité face à l’adversité.
Loin d’être des personnages secondaires les filles du roman s’imposent, revendiquent le génie et la créativité des femmes, surmontant l’a priori lié à leur statut ou à leur origine. Pour l’auteur des tableaux, du roman, ce qui compte c’est l’œuvre, le reste est le fruit des circonstances, de l’environnement…
Le roman de Jessie Burton, signé et assumé , prouve qu’une œuvre littéraire puissante, romanesque, romantique et politique est un don magnifique pour ses lecteurs qui reconnaissent son talent et attendent, comme Peggy Guggenheim la galeriste des Filles du lion, le prochain ouvrage avec impatience.
L’auteure
Jessie Burton est née à Londres et a fait des études à Oxford pour devenir comédienne, même si l’écriture a toujours aussi fait partie de sa vie. Elle se produit au théâtre et à la télévision et vers 2010 commence la rédaction d’un livre, Miniaturiste. Sorti en 2015 en France, ce premier roman remporte plusieurs prix, est traduit en 34 langues et a été vendu à plus de 40 000 exemplaires dans le monde.
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Paru le 9 mars 2017 – 496 pages
Traduit de l’anglais (Royaume Uni) par Jean Esch