Débuter la lecture d’un roman de Marie Sizun, c’est se plonger dans les méandres du passé, remonter la piste d’un secret. Son nouveau roman, La Gouvernante suédoise, n’y échappe pas. Cette fois-ci cependant, c’est l’histoire de sa propre famille qu’elle raconte. Elle nous entraîne sur les pas de son arrière-grand-mère suédoise et reconstruit, à l’aide de quelques carnets et photographies, les liens troubles qui ont uni ses arrières grands-parents à leur gouvernante.
Le triangle amoureux
Hulda, 17 ans et à peine sortie de sa pension, fait la connaissance de Léonard Sèzeneau, un français exilé en Suède qui dispense des cours de français pour subsister. Il est marié mais remarque malgré tout cette jeune fille qui vit dans le même immeuble que lui. Quelques cours de français plus tard, la jeune fille a succombé aux avances de son professeur, qui divorce pour l’épouser et réparer sa faute. Toute jeune maman, Hulda respire la santé et le bonheur. Les affaires de son mari sont florissantes et ils mènent grand train dans un bel appartement du centre de la Stockholm. Léonard est souvent en déplacement et l’embauche d’une gouvernante pour seconder son épouse apparait bien vite comme une nécessité. Entre Hulda et Livia, la nouvelle gouvernante, une amitié nait rapidement. Mais au fil du récit, une relation trouble s’installe entre le maitre de maison et sa gouvernante…
Le déracinement
L’arrivée de la famille à Meudon signe le début des jours tristes. À l’image de la nouvelle maison, la vie autrefois si gaie devient vite grise et déprimante. À cela s’ajoute le lancinant mal du pays qui s’empare de la jeune femme pour ne plus la lâcher. La famille est désœuvrée, les fins de mois sont difficiles. L’argent vient à manquer et Léonard est de plus en plus irascible et distant. La tension devient palpable entre les trois adultes, d’autant que, dans les lettres qui arrivent de Suède, les allusions d’une éventuelle liaison entre Léonard et Livia jettent irrémédiablement Hulda dans les bras de la folie…
Chez Marie Sizun, la prose sobre et classique fait lentement émerger des tensions, des désirs secrets, transformant l’univers familial heureux en un véritable champ de ruines. La décennie que couvre le récit montre la lente descente aux enfers d’une femme trop fragile ayant perdu le goût de vivre.
Paru le 25 aout 2016 – 307 pages