Gérard Depardieu, un Candide moderne

BIO GARGANTUESQUE – Véritable mythe du cinéma français et international, l’histoire de Gérard Depardieu et de sa carrière est pour le moins singulière. Quel homme se cache derrière une telle renommée ? Venant de publier son livre Innocent, Depardieu se présente au lecteur avec sérénité et partage son appétit pour la vie, passionné de lectures et de voyages. À l’occasion d’un entretien avec L’Express, puis invité à La Grande Librairie (France 5) le 26 novembre dernier, il se livre sur son enfance tourmentée et ses réactions face au monde moderne, en toute innocence.

Un comédien pas comme les autres

Depardieu possède le genre de carrière époustouflante dont rêverait n’importe quel acteur. Porteur de rôles iconiques, dont beaucoup de héros littéraires, il a incarné Cyrano de Bergerac, Jean Valjean, ou Tartuffe, et a travaillé avec la crème des réalisateurs français : Pialat, Audiard, Blier, etc.

Pourtant, Depardieu semble avoir pris du recul face à ce passé étoilé, et le cinéma avec ses paillettes ne l’attire plus aujourd’hui. Sur son métier de comédien, il avoue à François Busnel sur le plateau de La Grande Librairie qu’il n’a « pas l’impression de travailler » et lance : « Si je travaillais, je m’en irais ! ». Il confie à L’Express ne même plus savoir pourquoi il accepte de tourner tel ou tel film. À présent, Gérard Depardieu est avant tout en recherche de rencontres et d’expériences, car dit-il, « la vie m’intéresse vraiment ».

Un livre-confession ?

L’Innocent du titre, c’est bien lui, dans le sens de la candeur et de la naïveté, celles que l’on prête aux enfants. Depardieu a la volonté claire dans son livre de se livrer sans atours, et c’est sans doute ce qui lui permet d’aborder sincèrement la période de son enfance, dont il n’a jamais caché les conditions singulières.

Né à Châteauroux en 1948, en plein Centre de la France dans une famille très modeste, rien ne le prédestinait à la gloire. Enfant non désiré par ses parents, il n’éprouve pas de rancœur envers ce fait mais y porte un regard philosophique, car il préfère la vérité au secret. Depardieu assume tout, et n’a donc rien à confesser.

La lecture salvatrice

La lecture, pour Gérard Depardieu, c’est d’abord le moyen d’apprendre la parole, puisqu’il était (de son propre aveu) très timide étant jeune, et n’avait pas le vocabulaire d’une éducation ne serait-ce qu’ordinaire. « J’ai été sauvé par la lecture » dit-il. C’est ensuite le voyage vers les lettres qui l’attire. Le Chant du monde de Jean Giono sera son « premier frisson ». Plus tard, il devient notamment l’ami de Marguerite Duras, dont l’ouvrage Les Petits Chevaux de Tarquinia fait partie de ses préférés. La littérature russe tient également une grande place dans son cœur, surtout dans son approche de la spiritualité ; d’ailleurs l’œuvre de Vassili Grossman fait partie de ses lectures du moment.

La religion et l’amour

Depuis longtemps, Depardieu est intéressé par la spiritualité, le rapport au monde qu’elle engendre et les moyens d’atteindre la paix intérieure… Ouvert à plusieurs croyances, il raconte dans Innocent sa rencontre avec des moines Shaolin, et évoque comment il s’est converti à l’Islam pendant deux ans, par amour pour le Coran.

Depardieu n’est pas très attaché aux systèmes de la vie moderne. La politique le rebute particulièrement, puisque pour lui, « l’acte politique est perverti dès le départ. » D’autre part, il explique à François Busnel que l’amour et le couple sont mis à mal par notre société actuelle. Gérard Depardieu, un grand naïf ?  

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Paru le 18 novembre 2015

Innocent de Gérard Depardieu (Le Cherche-midi) sur Fnac.com