Le saviez-vous, 2015 est l’Année Louis XIV. On célèbre tricentenaire de la mort du monarque, décédé le 1er septembre 1715. C’est bien sûr le thème de toutes les festivités estivales du Château de Versailles. Et c’est aussi l’occasion pour le Château de commander et programmer de magnifiques spectacles dont Le Ballet Royal de la Nuit qui sera donné le 29 novembre à l’Opéra Royal.
Le saviez-vous, 2015 est l’Année Louis XIV. On célèbre en effet le tricentenaire de la mort du monarque, décédé le 1er septembre 1715. C’est bien sûr le thème de toutes les festivités estivales du Château de Versailles (Grandes eaux, bal masqué, spectacle pyrotechnique). Et c’est aussi l’occasion pour le Château de commander et programmer de magnifiques spectacles dont Le Ballet Royal de la Nuit qui sera donné le 29 novembre à l’Opéra Royal (après plusieurs festivals cet été).
C’est par hasard, en recherchant des airs pour une des chanteuses de l’Ensemble Correspondances que Sébastien Daucé découvre Le récit de la nuit, très bel air pour soprano (Languissante clarté, cachez-vous dessous l’onde). Un air d’une grande délicatesse où le temps est comme suspendu. Après cette trouvaille, le musicien va patiemment et pendant trois ans, reconstituer le ballet dont est issu ce récit. Et c’est tout naturellement à l’occasion de cette année Louis XIV, que Sébastien Daucé et son ensemble ont pu monter Le Concert Royal de la Nuit, d’après Le Ballet Royal de la Nuit créé dans la salle du Petit Bourbon du palais du Louvre en février de l’an de grâce 1653. Il s’agit bel et bien d’une renaissance et si on la doit à Sébastien Daucé c’est qu’avec son ensemble il s’est imposé depuis quelques années comme un des grands spécialistes de la musique du Grand siècle.
Le Ballet Royal de la Nuit est une commande de Mazarin encore en charge du royaume en raison du jeune âge du roi. C’est une œuvre collective et grandiose, composée notamment par Antoine Boesset, Michel Lambert et Jean-Baptiste Lully sur un livret d’Isaac de Benserade. Sébastien Daucé y a ajouté des extraits de l’Ercole amante de Francesco Cavalli et de l’Orfeo de Luigi Rossi. Lors de sa création, le ballet fut donné au cours de sept soirées (sept veillées) et mit à contribution les talents de danseurs d’un roi âgé de 15 ans, de son frère, de nombreux nobles, de danseurs, de comédiens italiens, de décors et de costumes somptueux. Ce fut un immense succès aussi bien auprès de la cour que du public populaire qui put y assister. Mais c’était aussi une habile manœuvre politique, et en quelque sorte un spectacle fondateur. En effet, après une nuit peuplée de créatures fantastiques, monstres, fantômes et âmes errantes, de différents tableaux qui montrent aussi bien la cour des miracles, les enfers ou l’Olympe, le soleil apparait à l’aurore sous les traits du jeune roi Louis ! La fameuse image du Roi Soleil commence à prendre forme, celle d’un monarque absolu, mais aussi grand mécène, lui-même musicien et danseur, qui sut utiliser son goût pour les arts pour affirmer son prestige.
Photo : @Molina Visuals
Sébastien Daucé et l’Ensemble Correspondances, que l’on avait souvent entendus dans des œuvres plus austères, comme des Leçons des Ténèbres (Delalande) ou des Motets de Mouliné et Charpentier, montrent que les fastes de la cour ne leur font pas peur. La sonorité de l’orchestre raffinée, chaude et boisée, le grand art déclamatoire des chanteurs, les belles couleurs des voix, la direction précise et nuancée, tout concours à rendre à cette reconstitution son éclat et son charme d’origine. Les scènes se succèdent tour à tour sombres, cocasses, effrayantes, tragiques ou mélancoliques pour finalement aboutir au triomphe de la lumière. La présentation est elle aussi très soignée : un double livre-disque dont le livret est documenté et joliment illustré. C’est tout simplement brillant !
Pour les prochains concerts de L’Ensemble Correspondances de Sébastien Daucé, c’est ici !