Les robots sont parmi nous. Qu’on le veuille ou non, l’Histoire est en marche, nul retour en arrière n’est désormais possible. Ils sont omniprésents, sont devenus indispensables, ce qui n’empêche l’être humain de les exécrer. Pourtant, ils sont conçus de telle façon qu’il ne peuvent faire de mal à l’Homme. Et si ce n’était pas tout à fait vrai ?
Les trois lois de la robotique
Première loi
Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.
Deuxième loi
Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première loi.
Troisième loi
Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’est pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième loi.
Manuel de la Robotique
58e édition (2058 ap. J.C.)
Les robots sont parmi nous. Qu’on le veuille ou non, l’Histoire est en marche, nul retour en arrière n’est désormais possible. R. Daneel Olivaw est le plus perfectionné de ces androïdes, le chef d’œuvre du professeur Sarton. Il est si proche de l’être humain que seul un examen minutieux peut trahir sa véritable nature. Mais pour arriver à ce résultat, il aura fallu des siècles d’innovations technologiques et psychologiques, et à plusieurs reprises, les robots ont failli disparaître ou rester à un stade primitif et dissemblable à l’Homme, à cause du rejet de la population terrienne à leur égard. L’héritage du fameux syndrome de Frankenstein. Seuls quelques techniciens et scientifiques, dont la fameuse robopsychologue Susan Calvin, auront contre vents et marées, permis à ces machines de se perfectionner et de devenir indispensables à l’humanité, tout en la préservant d’une révolte des robots contre leurs créateurs grâce à l’implantation dans leur cerveaux positroniques des fameuses lois qui leur dictent leur comportement.
Parmi les quelques romans ou cycles inscrits au panthéon de la science-fiction, il y a une œuvre qui eut un impact majeur dans ce genre littéraire, et en dehors également. Il s’agit du cycle des robots, du grand Isaac Asimov. Un cycle qu’on peut lui-même diviser en deux :
Les deux premiers tomes, composés de nouvelles publiées dans les revues de science-fiction américaines entre 1940 et 1958, relatent l’évolution des robots depuis la fin du XXe siècle, et principalement pendant le XXIe siècle avec un personnage récurent, Susan Calvin. Ces nouvelles placent les robots dans des situations anormales, imprévues, représentant souvent une menace pour leur développement. C’est avec une rare maîtrise du rebondissement et de l’humour qu’Isaac Asimov étaye les mécanismes de la robotique, terme qu’il a inventé, (même si la dénomination de « robot » apparaît pour la première fois dans R.U.R. de Karel Čapek en 1921), et démonte les vieilles peurs stéréotypées et répandues sur le robot ennemi de l’humanité.
La deuxième partie est constituée de quatre romans mettant en scène deux personnages principaux : le détective Elijah Baley et le robot Daneel Olivaw. Elijah, comme tout bon Terrien, déteste les robots et la menace supposée qu’ils représentent. Mais il est forcé de collaborer avec le plus perfectionné d’entre eux pour enquêter sur des meurtres menaçant l’équilibre politique des mondes humains, et qui vont le faire voyager jusqu’aux colonies spatiennes, et découvrir un autre monde, un autre mode de pensée.
À travers ces livres, l’auteur brosse le tableau d’un avenir où s’opposent deux philosophies de vie, deux cultures très différentes. Les Terriens sont entassés dans de gigantesques mégalopoles, n’en sortant jamais. Les campagnes sont l’habitat des robots et machines qui s’occupent des productions agricoles et industrielles. Les Spatiens, quant à eux, vivent dans des mondes peu peuplés, technologiquement avancés et aseptisés. Ils ont horreur de la promiscuité, et vivent plus longtemps que les Terriens. Toutefois, ils sont plus vulnérables aux infections, et de ce fait, interagissent le moins possible avec les Terriens, véritables nids à bactéries. Ces derniers détestent et envient les Spatiens, qui les méprisent en retour, et leur interdisent d’immigrer sur leur planète.
De nombreux thèmes sont abordés au gré de ces enquêtes policières, dont bien entendu la relation entre l’humain et le robot, mais aussi les effets retors d’une trop grosse dépendance à la technologie et l’expansion humaine dans la galaxie. Si les deux premiers romans, Les Cavernes d’acier et Face aux feux du soleil datent de 1954 et 1957, Les Robots de l’aube et Les Robots et l’Empire sont bien plus tardifs, puisqu’ils ont été publiés en 1983 et 1985, et introduisent des éléments qui permettent de faire le pont avec l’autre très grand cycle d’Isaac Asimov, Fondation. A savoir que la collection Omnibus a eu la bonne idée de regrouper l’œuvre en deux recueils intégrants des nouvelles et romans supplémentaires se situant entre les Robots et Fondation.
Que ce soit les nouvelles ou les romans, les robots se lisent avec délectation. Un style sans prétention, mais diaboliquement efficace, une capacité à décrire des technologies et sciences sans jamais être rébarbatif, des intrigues bien ficelées, des rebondissements et un sens certain de la répartie, Isaac Asimov est un des meilleurs conteurs du XXe siècle, et les robots un cycle incontournable du genre. Un seul qualificatif me vient à l’esprit : grandiose !