Pink Floyd est officiellement fini. Cette fois c’est sûr, tout le monde s’est mis d’accord là dessus. « The Endless River » constitue donc le chant du cygne d’un des plus grands groupes de tous les temps, ni plus ni moins. Il est essentiel de garder cette notion à l’esprit à l’écoute de ce disque. L’album se veut de plus un hommage au regretté Richard Wright, tout comme « Wish You Were Here » l’était hier pour saluer l’esprit perdu de Syd Barrett…
Pink Floyd. Quel nom, quelle histoire ! Il est assez troublant d’avoir dans les oreilles le dernier album de ce groupe mythique, dernier album revendiqué qui plus est, ce qui n’arrive pas si souvent. Généralement, l’album de trop devient de facto le dernier album, ce qui est sensiblement diffèrent convenons-en… Alors certes, certains diront que le Floyd sans Waters, ce n’est pas vraiment le Floyd. Et que si on va par là c’était même beaucoup mieux avec Syd Barrett et qu’après ils n’ont fait que vendre leur âme. Ces gens là sont excessifs au delà des mots…
Revenons un peu sur la genèse de ce disque. En 1994, le Pink Floyd version Gilmour sort Division Bell. Des nombreuses chutes de studios il est alors question de faire un album ambient qui s’appellerait The Big Spliff. Projet abandonné et mis en sommeil pendant de longues années, tandis que chacun se concentre sur sa carrière solo, avec plus ou moins de réussite. Après la mort de Richard Wright en 2008, l’idée mûrit lentement de travailler sur ces bandes et de finalement sortir cet album essentiellement instrumental. Nous en sommes là.
Alors de quoi s’agit il ? Et bien simplement d’un groupe qui regarde dans le rétro avec toute sa vision un peu romantique de la Vie. Car si il y a un mot pour décrire la musique du Floyd c’est bien celui ci. De la musique trippante certes, revendicatrice souvent, mais essentiellement tournée vers la Nature, toujours. Il y a du Wish You Were Here dans cet album, du Shine On You Crazy Diamond aussi, du Division Bell bien sûr… On l’aura compris, le corollaire est que, fatalement, il n’y a pas ou très peu de prises de risques sur cet album. Mais est-ce là l’idée ? Peut-on vraiment le leur reprocher ? Pink Floyd c’est une histoire qui est hors cadre, sans limites. Pink Floyd n’appartient plus à personne. Alors si les derniers à pouvoir se revendiquer un tant soi peu comme les tauliers de l’entité veulent faire un album hommage à leur ami perdu, donner le dernier mot de l’histoire à celui qui fût sans doute le plus effacé du groupe, ils en ont le droit.
Ce parti pris étant accepté, Endless River se révèle beaucoup plus digeste qu’après une première écoute de laquelle on attendait sans doute trop. C’est de là certainement que vient la relative déception de certains. Préparez vous à une longue digression instrumentale, essentiellement axée sur les claviers de feu Richard Wright, illuminés de-ci de-là par la guitare toujours aussi caractéristique de Gilmour…
Et alors, tout se passera très bien. Même la pochette qui de prime abord peut sembler incongrue voir ringarde prend de l’épaisseur. C’est un voyage sur une mer de nuages, avec l’horizon comme seul objectif. Littéralement.
Voici comment un des plus grands groupes du 20ème siècle tire sa révérence. Sans emphase, presque avec modestie. En sachant rester humble en tout cas. On pourrait presque regretter la grandiloquence mégalomaniaque d’un Roger Waters sur ce coup, mais c’est certainement mieux ainsi. Il eut été incongru que celui qui a évincé Rick Wright en 1980 soit invité à lui rendre hommage…
Un des plus beaux chapitres de la musique Populaire se clôt. La dernière chanson du dernier album de Pink Floyd, Louder Than Words :
Pink Floyd est mort ? Pink Floyd est éternel voyons…