Il existe des romans qui vous hantent, qui ne vous laissent plus tranquille, jamais. La cicatrice en est de ceux-là. Ces railleries, ce bec-de-lièvre, ces mensonges, et cette fin si tragique ne m’ont jamais quittée, alors que la lecture de ce roman date d’il y a une vingtaine d’années. Toujours étudié au collège, il est souvent évoqué, tant par le climat historique qui y règne que par l’atmosphère étrange qui y est dépeinte. Retour sur un livre fort.
Il existe des romans qui vous hantent, qui ne vous laissent plus tranquille, jamais. La cicatrice en est de ceux-là. Ces railleries, ce bec-de-lièvre, ces mensonges, et cette fin si tragique ne m’ont jamais quittée, alors que la lecture de ce roman date d’il y a une vingtaine d’années. Toujours étudié au collège, il est souvent évoqué, tant par le climat historique qui y règne que par l’atmosphère étrange qui y est dépeinte. Retour sur un livre fort qui restera un véritable classique adolescent.
Etats-Unis, 1944. Jeff, 13 ans, et sa famille protestante pratiquante emménage dans une nouvelle ville, pour une nouvelle vie. Rapidement, l’adolescent qui s’est fait opérer d’un bec-de-lièvre lorsqu’il était petit et qui garde de cette opération une grande cicatrice sur la lèvre supérieure se fait humilier par ses nouveaux camarades. Passionné de timbres, il se plonge dans la philatélie pour fuir comme il le peut les autres élèves…
Très proche de son frère Buddy, 6 ans, et de ses parents, il parvient à entrer dans une bande grâce à Willy, qui l’invite chez lui et lui fait découvrir son immense collection de timbres. Jeff suit son horrible pulsion et lui vole ses plus beaux timbres. Il s’enfonce alors dans de terribles mensonges, qui lui font changer totalement de comportement. Il dénigre son petit frère, sa famille, et ne peut sortir de cette spirale. Il décide d’avouer, puis retrouve les mensonges et accuse un autre enfant. Jeff est perdu dans les méandres du déni et sombre, doucement.
La cicatrice, c’est un roman poignant. Bruce Lowery a choisi de raconter la vie de Jeff en utilisant la première personne du singulier, le lecteur peut donc pleinement se rendre compte des sentiments profonds de l’adolescent. Décrits avec minutie et exactitude, on perçoit de plein fouet ce que ressent Jeff, sans filet, parfois brutalement. L’injustice et les humiliations d’abord, puis son changement total de comportement, comme si de victime, il voulait devenir bourreau. Son vol prend une telle importance dans la vie de cet adolescent élevé dans la religion et dans le respect de l’autre qu’on se doute qu’il ne peut s’en sortir indemne.
Parfois, alors que je laisse mon esprit vagabonder, des flashs de La cicatrice me reviennent. Comme si Jeff, Buddy et les autres m’avaient quelque part accompagné, depuis tout ce temps. Ce livre a eu le prix de l’Académie Française en 1962, et on comprend vite pourquoi. C’est un chef-d’oeuvre, qui ne laissera pas indifférent et qui vous hantera, j’en suis certaine. Il vous laissera sans doute, comme il l’a fait pour moi, une cicatrice, à vie.
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