Critique

Riddick, la résurrection du Furyen

18 février 2014
Par Pieric
Riddick, la résurrection du Furyen
©Seven7 Universal

Après un passage éclair dans nos salles, la troisième aventure de Riddick débarque dans un superbe Blu-ray et une version director’s cut inédite ! Pour ceux qui n’ont pas peur du noir, évidemment…

Cette chronique a été rédigée à partir de la version director’s cut proposée sur le Blu-ray, plus longue d’une dizaine de minutes que la version visible en salles.

Depuis qu’il a atterri bien malgré lui sur le trône des Necromangers, Riddick vit sous la menace permanente d’un attentat sur sa personne, fomenté parfois même au cœur de son intimité. Mais voilà que son meilleur ennemi, Vaako, vient lui proposer un marché qu’il ne peut refuser : le conduire sur sa terre natale, Furya, l’éloignant ainsi de la colonie des Necromangers. Trahi, piégé, Riddick est finalement laissé pour mort sur une planète lambda particulièrement inhospitalière. Il lui faudra recouvrer sa fibre animale et son instinct de survie pour s’en sortir, avant de se voir confronté à une autre espèce, qu’il connaît bien, celle des chasseurs de primes.

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À l’image de son personnage à l’agonie en tout début de métrage, Riddick est un film miraculé. Maintes fois repoussée, sans cesse sur la sellette, la troisième mésaventure de Richard B. Riddick ne doit son existence qu’à l’abnégation de sa star (coproducteur, Vin Diesel a racheté la franchise à Universal) et de son créateur David Twohy, grand artisan de la série B devant l’éternel (si ce n’est déjà fait, découvrez vite ces perles nommées Timescape, The Arrival, Abimes). Après le semi-échec des Chroniques de Riddick et son imposant budget de 100 millions de dollars, il faut croire que Riddick est condamné à errer sur les terres arides de l’économie. On ne s’en plaindra pas, tant ce personnage d’anti-héros poseur, amoureux de la punchline et du geste létal trouve idéalement sa place dans un cinéma de la débrouille, dont la principale richesse réside dans des propositions d’idées horrifico-fantastiques tordues et jongle de manière jubilatoire avec les clichés. Bref, Riddick est condamné à œuvrer dans la série B.riddick-4

C’est donc tout naturellement que ce troisième opus emprunte les voies du survival cher à Pitch Black plutôt que celles du péplum galactique des Chroniques de Riddick. Certains y verront un juste retour aux sources, d’autres un reniement par rapport aux promesses épiques du film précédent. L’essentiel est que David Twohy et Vin Diesel ne trahissent pas la nature même de leur création et de leur créature. Comme un écho au budget dégraissé par rapport au film précédent, Riddick s’ouvre avec un anti-héros déclarant, telle une note d’intention : « J’ai commis le pire des crimes, je suis devenu civilisé ». Cela nous vaut une première demi-heure totalement originale dans la saga, quasiment sans dialogue, où Riddick se retrouve à devoir « dompter » un milieu naturel inédit. En plus de lui adjoindre un acolyte canin, cette introduction a le mérite d’installer une nouvelle bestiole, aussi redoutable que son design imparable. Après la nuit dans Pitch Black, c’est la mousson endurée par cette mystérieuse planète qui réveillera le fléau. Entretemps, une horde de mercenaires aux motivations très différentes auront essayé de capturer le Furyen, mort ou vif. On tombe dès lors dans un cadre plus balisé, on vogue en terrain connu même si une fois encore le talent de Twohy nous permet avec sa galerie de trognes uniques (parmi lesquelles Katee Sackhoff et Jordi Mollà) de rester avec une certaine jubilation dans le domaine d’un cinéma bis assumé.

On pourra simplement regretter que, contrairement à Pitch Black, Riddick n’ait pas bénéficié d’un tournage en décor naturel. La savante utilisation des paysages accidentés du bush australien dans le premier film manque ici cruellement, d’autant que la photo de Riddick et les effets numériques abondants peinent à crédibiliser une planète soigneusement pensée par Twohy. Et même si le coup de coude complice au spectateur fait partie du jeu, les clins d’œil appuyés à Pitch Black restent assez embarrassants et pourront laisser le gout amer d’une pâle photocopie. Riddick n’est jamais aussi bon que lorsqu’il nous surprend et ne regarde pas par-dessus son épaule.

Il n’empêche que cette version director’s cut nous propose pas moins de 8 minutes de métrage en plus, et du Twohy en rabe, ça ne se refuse pas ! La scène d’ouverture (l’attentat sur Riddick) se révèle particulièrement efficace avec son érotisme déviant. Elle offre surtout, avec la conclusion du film, de maintenir une cohérence narrative avec l’intrigue Necromanger. Elle confère également une certaine épaisseur au métrage là où la version salles, avec sa séquence d’intro expédiée et sa conclusion hâtive, boutait maladroitement les Necromangers hors des frontières riddickiennes. Parmi ses séquences supplémentaires, il faut enfin relever quelques plans iconiques supplémentaires (chapitre 3) durant lesquelles Riddick retrouve son animalité.

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Photos : © Metropolitan Filmexport-Universal Pictures-Radar Pictures-One Race Films

Les bonus sont tout aussi satisfaisants, puisqu’ils proposent, le temps de cinq modules d’une cinquantaine de minutes en tout, de revenir sur le tournage du film (intégralement en studio donc, grrrr…). L’ensemble permet de voir Twohy et Diesel au travail et le soin apporté par chacun à l’élaboration de ce nouvel univers. Le web épisode animé d’une qualité sommaire, Riddick Blind sided, est par contre tout à fait dispensable d’autant que la mini-intrigue qu’il raconte est reprise en live (et en mieux) en introduction du métrage.

Bref, malgré de menus défauts qu’on imputera aux fragiles conditions de production, ce troisième opus reste tout à fait recommandable à tous les amoureux du genre et du personnage. Et en ces temps où la mode est plutôt aux super-héros infantiles, monolithiques et lisses, suivre un anti-héros dans des aventures spectaculaires, politiquement incorrectes et gentiment gore, constitue assurément un plaisir qu’on ne saurait bouder !

Riddick, un film de David Twohy avec Vin Diesel, Jordi Mollà, Matt Nable, Katee Sackhoff.
Durée version longue : 2h07
Durée version salles : 1h59

Découvrez la bande-annonce de Riddick :

Article rédigé par
Pieric
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