Critique

Kaaris, hardcore jusqu’à la mort

08 octobre 2013
Par Grégory
Kaaris, hardcore jusqu'à la mort
©dr

Le premier album de Kaaris, Or Noir, est certainement l’un des albums, si ce n’est l’album le plus attendu de cette fin d’année 2013. Il n’aura fallu qu’un couplet sur le morceau de Booba, Kalash, issu de « Futur » pour que Kaaris en termine avec ses presque quinze ans d’underground et éclate enfin au grand jour…

Le premier album de Kaaris, Or Noir est certainement l’un des albums, si ce n’est l’album le plus attendu de cette fin d’année 2013. Il n’aura fallu qu’un couplet sur le morceau de BoobaKalash, issu de Futur pour que Kaaris en termine avec ses presque quinze ans d’underground et éclate enfin au grand jour. En seize mesures, il a fracassé les codes, les têtes et fait se briser des milliers de nuques. Surtout, Kaaris a su saisir la balle au bond. Booba a souvent tendu le mic à des artistes sur ses albums ou ses mixtapes, Autopsie rares sont ceux à avoir vraiment réussi à transformer l’essai. Sauf que Kaaris n’est pas né de la dernière pluie. Avec presque quinze ans de rap dans les pattes, il n’attendait rien et ne cherchait rien, c’est donc la tête froide qu’il s’est attelé à son premier album essayant surtout de ne pas se renier et de rester droit dans ses bottes.

Hardcore, il est, hardcore il reste. Kaaris ne déviera pas de sa route pour plaire au public. Et ça tombe bien parce ce qu’on attend de lui, c’est exactement ça : des punchlines dures, des textes hardcores et une ambiance dark et agressive, exactement, finalement, ce que l’on trouve dans Or Noir. Pour créer cette atmosphère quasiment oppressante, le rappeur de Sevran et Therapy Music se sont bien trouvés. De leur connexion, Kaaris explique qu’elle est « opaque ». Effectivement, il semble qu’il n’y ait pas de meilleure définition pour comprendre leur travail. Entre l’écriture sombre de Kaaris et l’ambiance résolument noire des prods concoctées par Therapy 2093 et Therapy 2031, il y a plus qu’une connivence, c’est une véritable évidence. Les deux ont été créés pour se marier parfaitement ensemble, pour asseoir un univers étouffant, dark, sombre, glauque, ce genre de son qui ferait frissonner un soir dans un coin obscur, un son à vous coller la chair de poule une nuit de pleine lune.

La force de Kaaris, c’est que son flow et sa grosse voix s’adaptent parfaitement à l’ambiance, aux sonorités, à l’atmosphère développée par les deux Therapy. Mieux, il s’y complaît et laisse ainsi libre cours à son écriture faite de punchlines rageuses et d’egotrips violents. Tout est en totale harmonie. Mais attention, sous ce vernis noir, sous la violence des lyrics et les punchlines, les textes de Kaaris ont un sens avec des thèmes assez récurrents, celui d’aller au bout de ses rêves et la nécessité de s’en sortir coûte que coûte. Car Kaaris ne rime pas uniquement pour rimer ou pour sortir la bonne phrase. Bon, à la première écoute, il faut bien avouer que ça ne saute pas forcément aux oreilles tant son écriture est dense, mais justement, le truc est là : elle a plusieurs niveaux à la fois de lecture et d’écoute. Sous les punchlines évidentes et les egotrips, Kaaris va bien plus loin, même si on sent qu’après treize ans à rapper sous les radars, le rappeur de Sevran a des choses à prouver. Alors il le clame haut et fort, son but est de terrasser ses adversaires du rap game et vue l’envie du bonhomme, il ne fera pas de quartier et il n’y aura pas de prisonniers. Son défi, c’est de frapper fort et à l’écoute, nul doute qu’il devrait être totalement rempli. Treize ans qu’il attend ça, alors Kaaris ne compte pas se rater.

Pour cela, il a mis toutes les chances de son côté. 17 titres, un seul featuring, Booba, évidemment, et une grosse technique. Sa voix aussi ne passe pas inaperçue. Grave et profonde, elle colle parfaitement à son physique de déménageur : avec une punchline, Kaaris peut vous assommer alors il faut être prêt avant de se mettre à l’écoute d’ Or Noir, les oreilles sensibles risquent d’y laisser des plumes même s’il s’essaie à quelques traits d’humour et de légèreté avec des morceaux construits avec du vocoder qui fonctionnent plutôt pas mal et offrent une respiration dans un album particulièrement dense. Parfois aussi, Kaaris se laisse aller à quelque chose de plus nostalgique comme sur le titre Paradis ou enfer où, une prod plus légère permet de vraiment mettre en valeur sa voix, un outil à ne définitivement pas négliger et où, au détour de quelques punchlines, on en apprend un peu plus sur l’homme derrière l’artiste.

Dense, hardcore, sombre, dur, Kaaris est dans la droite ligne de ce que l’on pouvait attendre de lui après Kalash et Zoo. Pas de doute, il sera hardcore jusqu’à la mort et ne cherchera pas à faire plaisir à quiconque, mais on comprend pourquoi le buzz qui l’entoure ne cesse de grossir. Ce disque est attendu et il y a de multiples raisons pour qu’il le soit. La première d’entre elles étant une évidence : Or Noir est un bon album… 

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Grégory
Grégory
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