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Les ailes d’Alexanne : les fées sont parmi nous !

16 juin 2012
Par Sandrine
Les ailes d'Alexanne : les fées sont parmi nous !

Après la mort de ses parents, Alexanne est confiée à sa tante Tatiana dont elle ignorait jusqu’alors l’existence. Rapidement, la jeune fille constate que sa tante n’est pas une personne ordinaire.
Auprès d’elle, l’adolescente découvre un univers peuplé de créatures magiques. Elle va ainsi prendre conscience des pouvoirs extraordinaires qui sommeillent en elle depuis toujours et tenter d’aider son oncle qui porte un lourd secret…

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Je dois avouer que même si j’aime le fantastique, j’ai plus de mal avec la Fantasy. Les quêtes mystiques peuplées de gnomes et les trolls n’ont jamais vraiment été ma tasse de thé. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé avec les meilleurs comme Tolkien ou Pratchett mais rien à faire, entre la Fantasy et moi ça ne colle pas.

Pourtant je suis bien consciente de passer à coté de quelque chose. Surtout quand je vois la fébrilité avec laquelle certains de mes clients dévorent Eragon ou le regard de certains membres de mon entourage s’embuer rien qu’a l’évocation du Trône de fer.

Et quand je vois le succès des Chevaliers d’émeraude, je me sens parfois un peu coupable de ne pas être plus attirée que ça. Alors pour me rattraper, lorsque les éditions Michel Laffont avaient commencé à publier A.N.G.E, l’autre série d’Anne Robillard, je m’étais donné la peine de la lire. Soyons honnête, ce n’était pas une bonne idée. La série A.N.G.E a beau être du fantastique, son scénario tiré par les cheveux et à la limite de la théorie du complot m’avait tellement rebutée que j’avais renoncé à me lancer ne serait-ce que dans le premier tome de sa saga fleuve.

Donc quand le premier tome des Ailes d’Alexanne est sorti, j’ai hésité. Et puis je me suis dit qu’une auteur avec un tel succès méritait bien une deuxième chance. Autant le dire tout de suite, ce n’était pas une bonne idée non plus.

Alors si vous êtes quand même curieux, sachez qu’Alexanne est une adolescente dont les deux parents viennent de mourir dans un accident. Oui, c’est triste mais ça n’est que le début. Là où ça se complique, c’est que les assistantes sociales lui ont trouvé une tante inconnue qui vit au fin fond de la forêt (évidemment, sinon ce n’est pas drôle).

Donc Alexanne prend son sac et part vivre chez une femme qu’elle ne connait pas. Bien sûr Alexanne est un peu triste de laisser ses copines mais elle fait partie de ces héroïnes qui acceptent tout sans broncher. Alors qu’une ado normalement constituée préférerait mourir plutôt que d’aller passer ne serait-ce qu’une heure dans une zone où les portables ne passent pas. Enfin bon, on va dire qu’Alexanne est ravagée par la mort de ses parents.

Bien sûr la tante d’Alexanne est certes accueillante mais un peu étrange. Et plutôt solitaire. Le fait qu’elle habite au fin fond de la forêt était quand même un gros indice. Enfin bref, elle prend quand même soin d’Alexanne et lui fait découvrir la nature qui les entoure. Pour Alexanne, c’est l’occasion de questionner cette femme qui semble omnisciente et qui va évidemment se faire prier pendant plus de la moitié du livre avant de lui révéler les secrets de la famille. Evidemment, quand Alexanne va connaitre la vérité à propos de sa famille, il ne lui viendrait même pas à l’idée d’avoir quelques doutes. Et c’est la même chose pour son petit ami qui, s’il était normal, s’enfuirait en courant en les traitants de fous.

Alexanne va ainsi découvrir qu’elle a un oncle qui court un très grave danger. Mais Alexanne n’écoutant que son courage va tout faire pour l’aider. Parce que, si vous aviez quinze ans, vous n’auriez bien sûr qu’une envie, c’est de risquer votre vie pour un oncle que vous ne connaissez même pas et qui passe son temps à vous répéter de ne pas le faire parce qu’il se croit dangereux. Personnellement, je retournerais vite fait en ville plutôt que de rester boires de tisanes franchement louches avec une tante baba cool qui ne me parle qu’en énigmes comme si j’étais son jeune Padawan.

Vous l’aurez compris, Anne Robillard à tendance à forcer un peu trop sur le côté dramatique. Elle n’y va pas non plus de main morte sur le sens du devoir et le courage de son héroïne. Chez Anne Robillard, l’héroïne n’est pas la seule à en voir de toutes les couleurs, l’intrigue aussi. Elle est tellement torturée qu’elle tente vainement de s’enfuir dans tous les sens.

Il faut dire qu’Anne Robillard a la main un peu lourde quand il s’agit de mélanger les concepts surnaturels. Loups garous, réincarnation, lutte du Bien et du Mal, fées, rien ne l’arrête.  A croire qu’elle a kidnappé un des scénaristes de True blood et qu’elle le drogue aux acides. Même les théories New Age y passent. Et elle réussit même à aligner quelques clichés astrologiques au passage.

Et pourtant, malgré tout ces défauts, il y a quelque chose de totalement indéfinissable dans cette histoire qui pousse à continuer la lecture de ce livre. C’est sans doute parce que vous n’allez pas abandonner si près du but. Vous avez attendu tellement de chapitres que l’histoire commence enfin, que vous n’allez pas laisser tomber alors que vous allez enfin savoir de quoi il retourne. Même si quand vous le savez enfin, vous comprenez que décidément, Anne Robillard ne se préoccupe pas vraiment de savoir si son histoire est un minimum crédible. Même la crédulité de son héroïne ne l’est pas. 

Et puis on ne peut pas dire que l’auteur se donne beaucoup de peine pour poser ses personnages. Elle réussit à expédier toute la vie d’Alexanne avant la mort de ses parents en a peine quelques chapitres. Certes, elle n’a que quinze ans mais quand même. En revanche, elle ne lésine pas sur les détails concernant la vie quotidienne de ses héros. Elle nous dit tout de ce qu’ils mangent et ne nous épargne pas la moindre de leurs habitude.

Alors bien sûr, les fans d’Anne Robillard (ils sont nombreux) vont me rétorquer que c’est parce qu’elle possède une imagination débordante. Et que de toute façon, je ne comprends rien à la Fantasy.

C’est juste. Dans le fond la lecture et les relations amoureuses ont beaucoup de choses en commun. On peut avoir vraiment envie qu’une histoire fonctionne et ne pas y parvenir malgré tout. S’aimer vraiment mais se rendre malheureux. Je pense qu’entre Les ailes d’Alexanne et moi, c’est une rencontre ratée.  

Est-ce que je regrette d’avoir essayé ? Non, dans le fond ce fut une expérience. Même si la naïveté de l’héroïne m’a sérieusement agacée, le côté un peu too much du récit a quand même un certain charme. On sent vraiment qu’ Anne Robillard croit à ce qu’elle raconte dans ses livres. Et puis elle a au moins le mérite d’être originale (un peu trop peut-être ?). Je comprends qu’on puisse aimer cette part féerique et cette envie de communion avec la nature qu’elle arrive si bien à rendre. Surtout si vous êtes du genre à aimer le patchouli et l’encens (et que vous en avez trop respiré les effluves).

Si vous aimez les fées et les forêts peuplées de créatures fantastiques ne ratez pas Les ailes d’Alexanne et son univers riche et foisonnant. Vous ne regretterez pas le détour.

Sinon passez votre chemin.

Article rédigé par
Sandrine
Sandrine
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