Comme le veut le dicton bien connu lorsque les parents commettent des erreurs il se peut que ce soit les enfants qui trinquent, voir même les petits enfants ou bien encore les générations suivantes. C’est ce que va apprendre à ses dépens Benjamin De Veyrac un brillant avocat parisien.
Comme le veut le dicton bien connu lorsque les parents commettent des erreurs il se peut que ce soit les enfants qui trinquent, voir même les petits enfants ou bien encore les générations suivantes. C’est ce que va apprendre à ses dépens Benjamin De Veyrac un brillant avocat parisien.
1) Une association étonnante :
Fruit de la collaboration de deux générations d’auteurs, Paul Gillon (grand prix de la ville d’Angoulême en 1982) au crayon et l’avocat Richard Malka (La face karchée de Sarkozy) au scénario, cette saga judiciaire, qui prend sa source dans les heures sombres que traversa la France durant le second conflit mondial, s’avère aussi palpitante qu’instructive.
En effet bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction concoctée avec maestria par Richard Malka (qui s’y entend en matière de justice puisque tout comme son héros de papier, il est avocat au barreau de Paris), elle permet au grand public d’appréhender l’organisation ainsi que le fonctionnement de la justice française. De plus si les personnages sont issus de l’imagination fertile du scénariste, l’intrigue se réfèrent à des faits méconnus, peu glorieux et peu avouables mais hélas véridiques et historiques (et que je ne décrirai pas ici pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture).
Cette saga, construite sur le modèle de ces grands procès qui défrayent régulièrement la chronique, peut paraître à bien des égards isssue d’une histoire vraie tant elle gagne en puissance sous le trait tout à la fois classique et élégant du maître Paul Gillon. Le dessinateur aussi à l’aise dans la représentation des scènes d’extérieur que dans la retranscription des scènes de procès apporte énormément à la série, tant par son découpage efficace et rythmé que par son dessin réaliste et maitrisé. Du grand art !
2) L’histoire :
a) De la rivalité à la haine :
Le cabinet d’avocats Steiner-McRae, le premier réseau mondial d’avocats dont le siège social se situe à New York, mène depuis quelque temps une politique d’acquisitions afin d’étendre son influence. Mais est-ce la véritable raison qui motive ce dernier à tenter d’acquérir le petit cabinet d’avocats parisien De Veyrac-Richemont ? Rien n’est moins sûr !
En effet ressurgit sur la place publique un procès qui se déroula en 1938, et qui vît s’affronter deux jeunes avocats fraichement sortis de leurs études. Plus qu’une simple rivalité entre deux jeunes coqs opiniâtres et combatifs ce procès marqua à jamais la destiné des deux protagonistes ainsi que celle de leurs héritiers.
Ainsi le poids de l’hérédité pèse sur les épaules du jeune maître Benjamin De Veyrac (qui dirige le cabinet parisien De Veyrac-Richemont) et aujourd’hui Nathan Steiner (le managing Partner du cabinet américain) compte bien lui faire expier les fautes commises par son aïeul en lui ôtant son bien le plus cher à savoir son cabinet. (Tome 1 Le procès)
b) La haine en héritage :
Dès lors tous les coups sont permis même les plus vils.
Ainsi quand se présente une opportunité d’évincer définitivement son rival Nathan Steiner n’hésite pas un seul instant. En effet de lourds soupçons de blanchiment d’argent pèsent sur Benjamin De Veyrac, soupçons qui, s’ils étaient confirmés, lui vaudraient d’être radié de l’ordre l’empêchant d’exercer et permettant dans le même temps au géant américain d’acquérir à moindre coût le cabinet parisien.
Alors simple hasard ou infâme machination ? Le sort de Benjamin De Veyrac semble hélas scellé ! Enfin pas tout à fait car l’espoir renait lorsqu’un homme énigmatique se propose de reprendre sa défense. (Tome 2 Mis en examen)
c) L’impossible réconciliation ?
A ce stade de l’affaire chacun des protagonistes avance ses pièces sur l’échiquier. Certains s’enfonçant encore davantage sur le chemin de la compromission, d’autres cherchant l’ultime preuve qui permettrait d’établir la vérité. Le cours du procès pourrait bien être infléchi. En effet une découverte de dernière minute semble être à même d’inverser la tendance et d’éviter qu’un innocent soit jeté en prison. (Tome 3 Le survivant)
3) Pour conclure :
Depuis 2009 nous en sommes là de l’histoire. En effet l’état de santé de Paul Gillon se dégradant ce dernier avait grandement ralenti son rythme de travail. Et puis le drame est survenu. Cette tragédie fa miliale fictive à laquelle il consacrait ses dernières forces croisa le chemin d’une autre tragédie personnelle malheureusement bien réelle. Cet autodidacte qui avait œuvré avec tant d’acharnement pour le neuvième art nous quitta en 20 09 laissant derrière lui sa dernière série inachevée.
Outre ce vide difficile à combler dans le vaste monde de la bande dessinée, tant son influence fût grande, il laissa surtout une horde de fans attristés et frustrés qui attendaient avec impatience le dénouement de l’affaire. Mais que ces derniers se rassurent puisque le flambeau a été confié à un autre dessinateur. Les lecteurs avides devraient donc pouvoir lire l’ultime opus de la saga d’ici fin Mai.
C’est une bien lourde responsabilité qui échoit à Jean-Michel Ponzio. En effet comment ce dernier fera pour s’affirmer sur une série qui n’est pas sienne ? Le résultat sera-t-il à la hauteur de notre attente et de nos espérances ? Seul l’avenir pourra nous rassurer !
Ce tome répondra sans aucun doute à toutes nos interrogations. Après tout le quatrième (et dernier album) ne s’intitulera-t-il pas Verdicts ?
Mais en attendant ne boudons pas notre plaisir de (re)lire cette saga judiciaire haletante et passionnante.
Tous visuels : L’ordre de Cicéron © 2004-2012 Glénat
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