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Mois des fiertés : ces films LGBTQ+ à (re)découvrir 

11 juin 2022
Par Félix Tardieu
Arnaud Valois dans "120 battements par minute" de Robin Campillo
Arnaud Valois dans "120 battements par minute" de Robin Campillo ©Céline Nieszawer

Depuis la première Marche des fiertés (« Pride ») de juin 1970, en réaction aux émeutes de Stonewall de 1969, la communauté LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bi, trans, queer, etc.) défile chaque année, tout au long du mois de juin, pour défendre ses droits et revendiquer la liberté de ses pairs. Voici une poignée de films ancrés d’une manière ou d’une autre dans cette thématique et qui ont marqué les esprits. 

Portrait de la jeune fille en feu (2019) de Céline Sciamma

Dans l’intimiste Tomboy, la réalisatrice Céline Sciamma se plaçait soigneusement dans le point de vue d’un garçon manqué et poursuivait ainsi la réflexion sur la sexualité et le genre entamée avec son premier film, Naissance des pieuvres. En 2019, Portrait de la jeune fille en feu, histoire d’amour impossible entre deux femmes (Adèle Haenel et Noémie Merlant) du 18e siècle, rencontre quant à lui un immense succès à l’international. Le film est nommé à dix reprises aux Césars en 2020, cérémonie marquée par le triomphe de Roman Polanski et l’indignation d’Adèle Haenel, qui s’est depuis éloignée des plateaux de cinéma. 

120 battements par minute (2017) de Robin Campillo

Au rythme de la musique techno, Robin Campillo revient, avec un réalisme déconcertant, sur le combat des militants d’Act Up-Paris dans les années 1990, lesquels tentent tant bien que mal de se faire entendre tandis que le VIH continue à décimer toute une génération dans l’indifférence générale. Le film, qui a révélé au grand jour des comédiens talentueux tels que Arnaud Valois, Nahuel Pérez Biscayart et Antoine Reinartz, rencontre un véritable succès critique, décrochant le Grand Prix du jury au Festival de Cannes puis six Césars l’année suivante, dont celui de meilleur film et du meilleur scénario. 

Girl (2018) de Lukas Dhont

Caméra d’or au Festival de Cannes, Girl dresse le portrait sensible d’une jeune femme trans, Laura, et son chemin de croix pour devenir danseuse étoile. Le film, inspiré par l’histoire de la danseuse belge Nora Monsecour, a reçu de nombreux prix, dont quatre Magritte (l’équivalent belge des Césars). De nouveau présent à Cannes cette année pour son second long-métrage, Close, le réalisateur belge Lukas Dhont a remporté cette fois-ci le Grand Prix du jury (ex æquo avec Des étoiles à midi de Claire Denis). 

Moonlight (2016) de Barry Jenkins

Adapté d’une pièce de théâtre, Moonlight suit, pendant trois périodes de sa vie, un jeune Afro-Américain, Chiron, en manque de figures parentales et apprenant à vivre avec son homosexualité, quitte à la dissimuler sous les codes de la masculinité et de la virilité imposés dans son entourage. Le film rapportera plus de soixante millions de dollars dans le monde, pour un budget de seulement quatre millions de dollars. Il volera notamment la vedette à La La Land aux Oscars en remportant l’Oscar du meilleur film à la surprise générale (suite à une erreur, La La Land avait dans un premier temps été annoncé vainqueur).

Le secret de Brokeback Mountain (2005) d’Ang Lee

Impossible de passer à côté de cet anti-western devenu culte, adapté de la nouvelle éponyme d’Annie Proulx, narrant la passion nécessairement tragique entre deux cowboys du Wyoming ; d’un côté Jake Gyllenhaal, et de l’autre le regretté Heath Ledger (connu d’entre tous pour son interprétation du Joker dans The Dark Knight de Christopher Nolan) dans l’un de ses plus grands rôles. Le film est un immense succès commercial – plus de 170 millions de dollars récoltés dans le monde – et critique (remportant un lot de récompenses l’année de sa sortie) et demeure aujourd’hui l’un des films les plus emblématiques évoquant l’homosexualité. 

Heath Ledger et Jake Gyllenhaal dans Le Secret de Brokeback Mountain ©Pathé Distribution

Carol (2015) de Todd Haynes

Le réalisateur de Loin du paradis et Dark Waters dépeint la rencontre amoureuse de deux femmes dans l’Amérique conservatrice des années 1950, interprétées par Rooney Mara (Prix d’interprétation féminine à Canes cette année-là) et Cate Blanchett, qui avait d’ailleurs incarné Bob Dylan pour Todd Haynes dans I’m Not There. Tourné en super 16, Carol est un portrait subtil et élégant d’un amour impossible se glissant dans les interstices d’une société ultra codifiée. En 2016, le film a tout bonnement été élu « meilleur film LGBT de tous les temps » à l’issue d’un sondage réalisé par le Festival du film LGBTQIA+ de Londres (anciennement dénommé Festival du film gay et lesbien de Londres à l’époque du sondage). 

La saga Matrix de Lana et Lilly Wachowski

Ce n’est peut-être pas évident dès le premier visionnage, mais rétrospectivement, la saga Matrix, dont le premier volet a révolutionné le cinéma du début des années 2000, est peut-être une  grande allégorie de la transidentité (un des personnages du premier Matrix, Switch, devait initialement être un homme dans la réalité et une femme dans la matrice, mais cela n’a visiblement pas plu aux studios). Lilly Wachowski, qui a mené à terme sa propre transition en 2016 (quatre ans après Lana Wachowski) l’a clairement affirmé dans une interview accordée à Netflix en 2020. Le dernier opus de la saga, Matrix Resurrections, réalisé par sa soeur aînée, est clairement habité par cette question.

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste