Le célèbre cimetière parisien du Père Lachaise doit surtout sa popularité aux hommes célèbres qui y sont enterrés ; c’est oublier que de nombreuses femmes illustres y reposent aussi.
Camille Paix est journaliste : elle aime l’enquête et le récit. Elle habite depuis quelques années près du Père Lachaise, à Paris. Et c’est justement derrière les portes du fameux cimetière qu’elle a trouvé l’occasion de mettre à l’œuvre ses talents d’enquêtrice, de conteuse – et de dessinatrice !
Mère Lachaise a d’abord été un compte Instagram – aujourd’hui suivi par plus de 12 000 abonnés – sur lequel Camille Paix publie des portraits de femmes enterrées au Père Lachaise. Son but ? Connaître et faire connaître ces femmes que la mémoire collective néglige, en dépit de leurs talents et de leur importance historique.
La publication de Mère Lachaise permet d’attirer l’attention sur les écrivaines, peintres, comédiennes, cinéastes, acrobates, mathématiciennes, militantes ou encore résistantes que nous croisons dans les allées du Père Lachaise sans y songer, sans nous souvenir. Camille Paix y exhume le passé de ces femmes pour les sortir de l’oubli injuste dans lequel elles ont plongé. Car si l’on y croise quelques noms célèbres, la plupart nous sont bel et bien inconnus. Qui se souvient, par exemple de la peintre et écrivaine Unica Zurn ? Ou de Nelly Roussel, l’une des premières à se battre pour une maternité choisie ?
Et le travail de Camille Paix prend une dimension supplémentaire quand on sait que plusieurs de ces femmes ont même perdu leur tombe – sans que personne n’alerte sur la nécessité de renouveler leur concession. C’est le cas par exemple de la designeuse et architecte Eileen Gray, qui n’a plus de sépulture et dont la tombe et le nom ont donc désormais disparu des allées.
Les 100 portraits illustrés de Mère Lachaise permettent ainsi de reconstituer ce matrimoine négligé, de le connaître et de le transmettre – et de réparer l’injuste patriarcale qui poursuit les femmes jusque dans la mort.