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Cinq pièces de théâtre à découvrir à Paris en mai 2022

13 mai 2022
Par Apolline Coëffet
Cendrillon est rongée par une culpabilité initiée par un triste malentendu.
Cendrillon est rongée par une culpabilité initiée par un triste malentendu. ©CiciOlsson

La rédaction de L’Éclaireur a sélectionné cinq pièces de théâtre à ne pas manquer ce mois-ci. Comédies fantasques, drame ou tragédie de l’intime, il y en aura pour tous les goûts !

Edmond, d’Alexis Michalik

Depuis sa grande première en 2016, Edmond d’Alexis Michalik a été encensée par la critique tout comme le public. La pièce incontournable du Théâtre du Palais-Royal a ainsi reçu pas moins de cinq Molières et près de 800 000 spectateurs, tous conquis. Le temps de la représentation, les douze comédiens vous transportent dans le Paris de 1897. À cette époque, Edmond Rostand est en proie à des crises d’angoisse. Cela fait deux ans qu’il n’a rien écrit et le temps presse. Il imagine alors une formidable comédie héroïque, intitulée Cyrano de Bergerac… Et en laquelle personne n’ose encore croire. Dans un rythme effréné, les intrigues se succèdent dans une sublime mise en scène qui nous subjugue. Edmond se présente comme l’occasion parfaite d’en apprendre un peu plus sur le célèbre auteur, tout en passant une excellente soirée.

Théâtre du Palais-Royal, jusqu’au 29 novembre 2022.

L’Étang, de Gisèle Vienne

Adèle Haenel dans « L’Étang » de Gisèle Vienne©Estelle Hanania

Adaptée d’un court texte de jeunesse du dramaturge Robert Walser initialement écrit à sa soeur, L’Étang est une pièce sensible et intime, signée Gisèle Vienne. L’inclassable et engagée metteuse en scène, plasticienne et chorégraphe franco-autrichienne y dépeint une histoire d’amour filial délitée, endommagée. Elle y convoque la détresse d’un adolescent tourmenté qui se sent mal aimé de sa mère. Adèle Haenel est ce jeune garçon. Impressionnante, l’actrice prête aussi sa voix, son corps et son visage à d’autres personnages. Désespéré, en quête d’une preuve d’amour, l’enfant fait croire à son suicide dans un étang du village. À son retour, un face-à-face aussi troublant que touchant s’engage alors avec la mère, enfin touchée au coeur, mais aussi avec le père, qui confronte un instant le spectateur au tabou de l’inceste. Mise en abyme et temporalité réinventée se superposent à des décors concrets, à une musique presque omniprésente. Cette confusion témoigne d’un chaos qu’il convient d’évoquer, ce que cette pièce ne manque pas de faire avec brio.

Théâtre des Amandiers – Nanterre, jusqu’au 15 mai 2022 puis les 1er et 2 juin à Points Communs, nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise

Berlin Berlin, de Patrick Haudecœur et Gérald Sibleyras

Du salon de Werner aux bureaux de la Stasi, les imbroglios s’enchaînent dans Berlin Berlin©Bernard Richebé

Dans le Berlin Est des années 1980, Werner Hofmann – interprété par Maxime d’Aboville – reçoit la nouvelle aide-soignante de sa mère gravement malade. L’agent stalinien aurait chez lui un passage secret qui permettrait de regagner l’Ouest en toute discrétion. La jeune femme – jouée par Anne Charrier – en est persuadée et attend le départ du fils de sa patiente pour faire entrer son fiancé Ludwig dans l’immeuble. Dans ce dernier rôle, Patrick Haudecœur incarne tout le comique de sa pièce, imaginée aux côtés de Gérald Sibleyras. Il n’y a alors pas de temps à perdre : les actions s’enchaînent, les malentendus s’accumulent et les personnages se perdent tour à tour dans des situations toujours plus surprenantes.

Théâtre Fontaine, jusqu’au 31 mai 2022.

Cendrillon, de Joël Pommerat

Cendrillon est rongée par une culpabilité initiée par un triste malentendu.©CiciOlsson

Dans Cendrillon, Joël Pommerat réinvente l’histoire de la princesse du même nom, sur fond de malentendus. Sandra – rebaptisée Cendrier – n’a pas bien entendu les dernières volontés de sa mère mourante. Hantée par ce souvenir douloureux, elle se livre alors à une mauvaise interprétation de ses mots, desquels jailliront d’autres maux. En effet, la jeune femme n’a de cesse de regarder une montre, laissée en héritage, de peur d’oublier la défunte et qu’elle ne disparaisse à jamais dans les affres du temps. Mais comme dans tous les contes de fées, un prince – également orphelin – s’immisce dans la vie de la malheureuse pour la sauver de ses tourments. Une voix off féminine, au mélodieux accent venu d’ailleurs, rythme la pièce et nous plonge dans cette confusion pérenne, éclairée par les superbes lumières du scénographe et éclairagiste Éric Soyer. Empreinte d’ironie, cette réinterprétation engage une réelle interrogation sur l’absence, la mort et le deuil.

Théâtre de la Porte Saint Martin, jusqu’au 19 juillet 2022.

L’Avare, de Molière

À la Comédie-Française, Laurent Stocker incarne L’Avare avec générosité.©Pascal Gely / Hans Lucas

Les amateurs des classiques du répertoire théâtral se réjouiront de cette nouvelle version de L’Avare, proposée par Lilo Baur. Comme à l’accoutumée, chaque saison, la troupe de la Comédie-Française rend hommage à son « patron » qui veille encore et toujours sur l’institution. Dans cette pièce que l’on ne présente plus, Laurent Stocker incarne Harpagon avec une grande générosité. Hâle doré, complet crème et bleu marine, mocassins bicolores et bijoux en diamant… Remis au goût du jour, le personnage s’est métamorphosé en banquier suisse des années 1950. Propriétaire d’une belle maison au bord du lac, située au pied des montagnes, il a même troqué son carrosse pour une voiturette de golf. Seule son avarice reste inchangée : quelqu’un lui a dérobé 10 000 écus, soit la coquette somme de 350 000 €. Toujours aussi comique, la pièce n’a pas pris la moindre ride. 

Comédie-Française, jusqu’au 24 juillet 2022.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste