C’est le premier boîtier dévoilé sous l’ère OM System. L’OM-1 succède aux OM-D, reprenant les fondamentaux de ces hybrides experts Micro 4/3. En apparence, il se pare d’une construction et d’une ergonomie rétro dans la lignée des précédents OM… tout en donnant un sérieux coup d’accélérateur, impulsé par un nouveau couple capteur-processeur très performant. Portrait d’un hybride ambitieux.
La sortie de cet appareil hybride constitue un double événement. Tout d’abord, il s’agit du premier boîtier né sous l’entité OM System. Exit Olympus, après que la division Image de la mythique société nippone a été rachetée par le fonds d’investissement JIP (Japan Industrial Partners) le 1er janvier 2021. Autre symbole fort, l’avènement de l’OM-1 intervient l’année du 50e anniversaire de la création d’un autre OM-1 – reflex argentique datant de 1972 –, cher à Yoshihisa Maitani, formidable ingénieur à l’origine de sa conception, dont l’histoire est indissociable de celle d’Olympus (OM pour Olympus Maitani). Fort de cet héritage, l’OM-1 version 2022 s’impose comme un ténor en puissance sur le segment Micro 4/3.
Que les fans des Pen et autres OM-D soient d’emblée rassurés : les fondamentaux, comme la qualité de construction, à la fois compacte et robuste, ou la vertigineuse liste de fonctions et réglages, qui ont forgé la réputation des appareils Olympus, sont bel et bien conservés. Tandis que le gain en termes de performances est manifeste.
Construction et ergonomie : en terrain connu
Dès la prise en main, le sentiment de tenir un boîtier robuste est là. Dans la lignée des OM-D E-M1 Mark III et E-M1X, l’OM-1 est construit en alliage de magnésium et comporte de nombreux joints d’étanchéité. Son poids léger (599 g nu, avec batterie) ne l’empêche pas d’évoluer dans la cour des boîtiers disposant d’un haut niveau de protection contre l’intrusion de poussières ou ruissellements. OM System revendique ainsi l’indice IP53 : la protection contre les poussières est donc quasiment totale. Le chiffre 5 correspond à la résistance aux corps solides (6 étant l’indice maximum), et le chiffre 3 – sur une échelle de 8 – indique que le boîtier résistera aux projections d’eau, parvenant « jusqu’à 60° de la verticale », pendant trois minutes, selon le standard établi par la Commission électrotechnique internationale. À titre de comparaison, si vous possédez un smartphone avec un indice IP68, vous pourrez l’immerger pendant quelques instants à moins d’un mètre de profondeur : impensable avec l’OM-1, et il faudra en plus vous assurer que l’optique montée dessus bénéficie elle aussi d’une protection contre les intempéries ou l’intrusion de corps solides. Néanmoins, ce niveau de protection reste élevé dans le domaine des appareils photo, reflex et hybrides compris. Étrangement, OM System est actuellement la seule marque, avec Leica, à indiquer l’indice de protection.
Les habitués des modèles OM-D retrouveront immédiatement leurs repères. La disposition des touches et molettes est quasi similaire à celle des précédents E-M1. Parmi les légères nuances, on note que les molettes de réglage sur le dessus, accessibles du pouce et de l’index, sont désormais logées sous le capot, alors qu’elles étaient entièrement apparentes sur l’E-M1 Mark III.
Sur le prisme, moins anguleux, apparaît encore la marque Olympus : il faut encore un peu de temps afin que le changement d’entité soit totalement assimilé. Sur le côté, en lieu et place du nom du modèle sur les OM-D, figure OM System. Voilà pour les détails cosmétiques.
Une fois l’appareil mis sous tension, un premier coup d’œil dans le viseur confirme une nette progression : la dalle OLED de l’OM-1 offre une définition de 5,76 Mpts, c’est deux fois plus que sur les OM-D dernière génération, de type LCD, avec en outre un grossissement 0,83x. Le taux de rafraîchissement de 120 i/s est lui identique aux précédents modèles.
Quant à l’écran LCD arrière, tactile et orientable dans toutes les directions, il mesure 7,6 cm (3 pouces), avec une belle définition de 1,62 million de points qui rend la lecture confortable, quelle que soit la luminosité ambiante. Les évolutions les plus marquantes demeurent toutefois dissimulées parmi les composants internes…
Capteur et processeur nouvelle génération
En parcourant la fiche technique – aussi copieuse que sur les boîtiers Olympus précédents – de l’OM-1, la définition du capteur (20 Mpxl) fait naître une question : s’agirait-il du même capteur à l’œuvre depuis plusieurs générations de boîtiers Micro 4/3 ? La réponse est non. Si la quantité de pixels est bien similaire, la technologie, elle, change. L’OM-1 dispose ainsi d’un capteur Cmos BSI stacked : une structure rétroéclairée (Back-Side Illuminated) et surtout empilée (stacked), ce qui permet un traitement beaucoup plus rapide des informations grâce, en sus, au concours du nouveau processeur TruePic X.
Les performances sont ainsi toutes revues à la hausse. La stabilisation incorporée dans le boîtier, toujours active sur cinq axes, procure désormais un gain de sept vitesses, voire huit, quand elle est combinée avec la stabilisation IS de certaines optiques, à l’instar de l’extraordinaire (tant pour son prix que pour ses caractéristiques) zoom téléobjectif M.Zuiko ED 150-400 mm f/4,5 TC1,25x IS. Lié au système de stabilisation, le mode Haute résolution octroie la possibilité de réaliser des vues de 50 Mpxl à main levée, ou bien 80 Mpxl avec un trépied, en Jpeg ou en Raw. À condition que le sujet photographié soit immobile, ces définitions élevées résultant d’un assemblage de 12 images en une seule.
Autre fonction appréciable, déjà vue sur l’E-M1X, l’intégration de filtres ND, de ND2 à ND64, ce qui permet de réaliser de longs temps de pose en plein jour, en se passant d’accessoires « physiques ». Le Live Composite, le Focus Stacking ou le HDR sont d’autres terrains de jeu à explorer dans les menus (dont on apprécie au passage l’arborescence, totalement revue et beaucoup plus intuitive) pour les plus créatifs. Il est bien sûr possible de connecter le boîtier à l’application OI. Share en wifi ou Bluetooth, pour le piloter à distance ou partager des images, via son smartphone.
Prime à l’action et à l’intelligence artificielle
En matière d’action, l’OM-1 est tout simplement l’un des appareils les plus rapides du marché. En s’appuyant sur l’autofocus à détection de phase Cross Quad Pixel AF (chacun des 1 053 collimateurs est en forme de croix), on pourra exploiter ses folles cadences : de 10 i/s en obturation mécanique, jusqu’à 50 i/s (avec suivi de l’autofocus et de l’exposition), voire 120 i/s (mais sans suivi AF et AE), en sollicitant l’obturation électronique dans ces deux derniers cas.
Le singulier mode Pro Capture propose quant à lui d’anticiper une action, une série d’images à 120 i/s étant enregistrée dans la mémoire tampon en amont du déclenchement, dès lors qu’on presse le déclencheur à mi-course, et stockée pour de bon une fois le bouton enfoncé jusqu’au bout. Gare à la capacité de la mémoire tampon, au vu de ces rafales de course ! Il faut investir dans des cartes SD rapides (deux ports UHS-II sont disponibles sur le flanc droit de l’OM-1) pour soutenir ces cadences.
Ces capacités s’appuient sur des algorithmes de détection de sujets qui vont au-delà des classiques modes dédiés à la reconnaissance de personnes et d’animaux. Distinction est faite entre oiseaux et chats/chiens ; on trouve aussi des modes conçus pour suivre des trains, avions/hélicoptères ou voitures/motos de course. L’intelligence artificielle bat son plein. Les quelques essais réalisés sont probants, un cadre matérialisant la détection du sujet (une poule d’eau nichée dans une haie ou un train pris en contre-jour, en l’occurrence), les collimateurs actifs s’affichant sous la forme de petits carrés verts. Vous pouvez vous en donner à cœur joie : l’obturateur est donné pour 400 000 cycles par OM System.
Un reflex aussi doué pour la vidéo
Et la vidéo ? Les hybrides récents sont de plus en plus doués pour le tournage et pourvus de fonctionnalités professionnelles. L’OM-1 ne déroge pas à cette tendance. Vous pourrez filmer en 4K 60p UHD ou DCI sur 8 (H.264) ou 10 bits (H.265), réaliser du slow motion en Full HD 240p, et sélectionner le profil OM-Log pour exploiter le plus possible la plage dynamique, brancher casque et micro externe… et même capter vos séquences en Raw, via un enregistreur externe, l’Atomos Ninja V ou V+, au format Apple ProRes.
La durée pourra excéder deux heures sans interruption, à condition que l’autonomie le permette (il est possible d’alimenter l’accu BLX-1 pendant le fonctionnement de l’appareil). Mais, contrairement à un GH6 qui dispose d’un système de ventilation en interne, une alerte de surchauffe pourra mettre un terme à un enregistrement long sur l’OM-1. Avec ce modèle, OM System entend bien figurer sur tous les tableaux, qu’il s’agisse d’images fixes ou animées.
Prix et disponibilité
L’OM-1 est disponible au prix de 2 199 € nu. On le trouve aussi en kit, avec l’excellent zoom M.Zuiko ED 12-40 mm f/2,8 Pro (qui équivaut à un 24-80 mm au format 24×36), au prix de 2 799 €.