Diffusé sur la chaîne franco-allemande le soir de l’élection présidentielle, ce long-métrage avec Félix Moati et Julien Campani relève d’un dispositif inédit : un film de fiction tourné et diffusé en même temps que les résultats du second tour de l’élection présidentielle. Le film, qui met à l’honneur le métacinéma, est à présent disponible en replay.
Jour de gloire est un de ces films hybrides et étranges dont on ne sait trop si le fait même de le voir ou le revoir au-delà de l’instant même de sa diffusion a toujours un sens. En tout cas, les téléspectateurs qui ont pu découvrir Jour de gloire le 24 avril à 19h, sur Arte ainsi que dans certaines salles de cinéma, ne revivront certainement pas la même expérience en replay, puisque le concept même de ce film de fiction co-réalisé par Jeanne Frenkel et Cosme Castro s’appuie justement sur une expérience en temps réel, à un point de rencontre où on ne peut justement plus affirmer avec certitude si c’est la fiction qui est rattrapée par l’actualité ou bien si c’est elle qui est rattrapée par la fiction.
Le tout condensé en un film d’un peu plus d’une heure, avec une bande originale jouée en live par Flavien Berger, tourné en un seul plan-séquence – c’est-à-dire en une seule prise – qui nous emmène du côté de Laroque-Timbaut, petit village du Lot-et-Garonne choisi par les réalisateurs comme décor de cette expérience unique qualifiée de « métacinéma ».
Environ 85% du film était écrit à l’avance, les 15% restants étant essentiellement informés par les aléas du tournage (y compris les bugs éventuels liés à la nature du dispositif) et évidemment par le résultat à présent bien connu de l’élection présidentielle de 2022 qui occupe les dernières minutes du film.
Un film performatif pour une expérience cinématographique
Dans Jour de Gloire, les comédiens Félix Moati et Julien Campani incarnent deux frères que tout oppose – à commencer par leur engagement politique – qui se retrouvent dans leur village natal suite au décès de leur mère. L’élection présidentielle est plutôt une toile de fond à ce film intimiste et poétique dans lequel l’actualité brûlante finit par s’introduire au moment de l’épilogue.
Cela fait quelques années que Jeanne Frenkel et Cosme Castro s’exercent à ce dispositif, dans ce qu’ils appellent le métacinéma – qui renvoie selon eux à un « art consistant à projeter des films en même temps qu’ils sont tournés ou à tourner des films en même temps qu’ils sont projetés » – comme c’était déjà le cas avec leur court-métrage Adieu Bohème (2017) tourné et diffusé depuis les sous-sols de l’Opéra Bastille.
Un cinéma plus que jamais performatif donc, à mi-chemin entre le documentaire, le septième art et le spectacle vivant. Une expérience cinématographique qui rappelle, par exemple, un épisode spécial long de 12 heures de la série The Third Day (avec Jude Law), réalisé et diffusé en direct sur la page Facebook de la chaîne OCS en octobre 2020 avec l’aide de la compagnie de théâtre britannique Punchdrunk.
Jour de gloire est disponible en replay sur arte.tv et sur la chaîne YouTube d’Arte.