Critique

Fear of the Dawn : dans son nouvel album déjanté, Jack White casse tous ses jouets

08 avril 2022
Par Félix Tardieu
Jack White revient avec deux nouveaux albums : Fear of the Dawn (8 avril) et "Entering Heaven Alive (22 juillet)
Jack White revient avec deux nouveaux albums : Fear of the Dawn (8 avril) et "Entering Heaven Alive (22 juillet) ©David James Swanson

Jack White, le patron de la maison de disque Third Man Records et ex-membre des White Stripes, dévoile aujourd’hui le premier de ses deux nouveaux albums, Fear of the Dawn, qui sera suivi en juillet prochain par Entering Heaven Alive.

Figure emblématique du garage rock américain, Jack White fait son retour en 2022 avec non pas un, mais deux nouveaux albums studio, Fear of the Dawn et Entering Heaven Alive, sous son propre label Third Man Records. Fear of the Dawn, son quatrième album solo depuis la séparation définitive des White Stripes en 2011, devra sans doute être réécouté à l’aune d’Entering Heaven Alive, qui s’annonce déjà comme plus folk et acoustique, comme en témoigne l’extrait Love is Selfish. Car pour l’instant, Fear of the Dawn fait l’effet d’un disque déchaîné, comme trop plein d’énergie (à l’instar de The White Raven, où tous les curseurs sont poussés à fond), saturé de riffs de guitare comme seul Jack White en a le secret. 

Sauf qu’ici, Jack White change – et charge – un brin la recette en greffant aux distorsions de la guitare le son des synthétiseurs et des samples, s’essayant lui-même à tous les instruments. Dans une sorte de grand chaos musical, l’album mêle les sons électros, rock, métal, voire hip-hop comme sur les morceaux What’s The Trick ou Hi-De-Ho en featuring avec Q-Tip, le meneur du groupe A Tribe Called Quest. Fear of the Dawn donne alors l’impression d’un album sans réelle ligne directrice, si ce n’est le plaisir de lâcher complètement prise et de se retrouver seul en studio avec ses instruments, avec tout le loisir d’expérimenter les formes, de se défouler tel un ado enfermé des heures durant dans sa chambre avec sa guitare électrique. 

Jack White n’a apparemment pas vu le temps passer, trop occupé à faire tourner sa petite entreprise – en véritable puriste, il fait fabriquer ses vinyles dans les locaux de sa maison de disque à Nashville – et à prendre au pied de la lettre le conseil qu’un certain Prince lui a un jour prodigué : « No one is going to tell you how to play your guitar, Jack. » (« Personne ne va te dire comment jouer avec ta guitare, Jack »). Jack White prévoit d’ailleurs de faire paraître sous son label un album tout à fait inédit de Prince, Camille, achevé en 1986, mais abandonné quelques semaines avant sa sortie. 

Malgré sa dimension ouvertement chaotique parfois assez prenante, Fear of the Dawn dégage au fond quelque chose de légèrement poussiéreux, voire d’immature. Espérons qu’Entering Heaven Alive, prévu pour le 22 juillet prochain, apportera rétrospectivement un peu plus d’épaisseur à ce diptyque musical. En attendant, Jack White, qui vient de démarrer une nouvelle tournée nord-américaine dans sa ville natale de Détroit, sera de passage à l’Olympia (Paris) les 18, 19 et 20 juillet prochains pour une série de concerts où les téléphones seront logiquement proscrits – rien de surprenant étant donné que White n’a lui-même jamais eu de téléphone portable, ce qui ne l’a apparemment jamais empêché de rester branché.

Jack White, Fear of the Dawn (Third Man Records) – 12 titres, 40 minutes – Disponible en CD (13,99€), Vinyle (22,99€) et digital

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste