Souhaitant empêcher la propagande russe en ligne, l’Ukraine s’est adressée à plusieurs organisations régissant Internet qui ont rejeté sa demande.
Depuis l’invasion de son pays par la Russie, l’Ukraine cherche à sanctionner son ennemi par tous les moyens. Le 28 février, il a sollicité des organisations régissant Internet pour qu’elles bloquent l’accès de son voisin en ligne. « Je vous envoie cette lettre au nom du peuple ukrainien, vous demandant de répondre au besoin urgent d’introduire des sanctions strictes contre la Fédération de Russie dans le domaine de la réglementation DNS, en réponse à ses actes d’agression contre l’Ukraine et ses citoyens », a déclaré Andrii Nabok, représentant ukrainien de la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN) dans une lettre signée par le vice-Premier ministre Mykhailo Fedorov.
Pour justifier sa demande, le représentant indique que les mesures demandées « aideront les utilisateurs à rechercher des informations dans des zones de domaine alternatives, empêchant la propagande et la désinformation ». Selon lui, les crimes commis par la Russie ont été rendus possibles par la désinformation et des discours de haine promouvant la violence et cachant la vérité sur la guerre russo-ukrainienne. Il rappelle aussi les récentes cyberattaques ayant touché l’Ukraine.
L’importance de la neutralité
Dans une lettre adressée au vice-Premier ministre ukrainien, le PDG de l’ICANN, Göran Marby, a expliqué les raisons pour lesquelles l’organisation a refusé sa demande. « Dans le cadre de notre mission, nous maintenons la neutralité et agissons en faveur de l’Internet mondial. Notre mission ne s’étend pas à la prise de mesures punitives, à l’émission de sanctions ou à la restriction d’accès contre des segments d’Internet – quelles que soient les provocations », a-t-il déclaré.
Il précise, par ailleurs, que l’ICANN prend des mesures pour garantir que le fonctionnement d’Internet n’est pas politisé, mais aussi que la Toile ne peut pas être contrôlée ou fermée par un seul acteur vu qu’il s’agit d’un système décentralisé. Au sujet de la volonté de l’Ukraine de permettre la recherche d’informations fiables, le PDG explique que cela sera uniquement possible avec « un large accès sans entrave à Internet ».
La position de l’ICANN est également partagée par le RIPE NCC (Réseaux IP Européens – Network Coordination Centre), une autre organisation régissant Internet. « Il est crucial que le RIPE NCC reste neutre et ne prenne pas position en ce qui concerne les différends politiques nationaux, les conflits internationaux ou la guerre », a indiqué l’organisation dans un communiqué. Pour elle, cette approche permet de garantir une égalité de traitement de la part des responsables fournissant des services Internet.