Le premier tome s’intéresse à l’histoire d’amour entre Hadès, le dieu des enfers, et Perséphone, la déesse du printemps. Une romance aux couleurs chaudes, qui parle aussi de problématiques actuelles.
980 millions de vues, 5 millions d’abonnés. En cinq ans, Lore Olympus est devenu un véritable phénomène sur la plateforme Webtoon. Son autrice, Rachel Smythe, propose de plonger dans les scandales et romances de la mythologie grecque. Après son succès en ligne, elle a décidé de regrouper les 25 premiers épisodes (sur 190 actuellement) et de les publier dans une (sublime) BD. Une œuvre colorée et hypnotique qui lui a valu le Prix des lecteurs Goodreads 2021 dans la catégorie roman graphique. Dans ce premier tome, l’artiste néo-zélandaise s’intéresse à l’un des mythes les plus connus : l’enlèvement de Perséphone par Hadès.
Une réécriture contemporaine de l’histoire
Les récits historiques et classiques sont une source d’inspiration inépuisable pour les auteurs (en témoigne la récente adaptation en manga d’Ulysse, de La Divine comédie et de L’Iliade et l’Odyssée). Dans son œuvre, Rachel Smythe revisite la mythologie grecque. Et plus particulièrement celle de Perséphone et Hadès. L’histoire est connue de tous : la déesse du printemps, surprotégée par sa mère Déméter, est élevée à l’écart de tous. Un jour, elle rencontre le maître des Enfers, qui tombe sous son charme et l’enlève pour l’épouser.
Lore Olympus replace l’histoire dans un contexte moderne, où les dieux prennent des selfies, roulent en voiture, et sont scotchés sur leur téléphone dans l’attente d’une réponse avec la peur d’avoir été ghosté. Perséphone a 19 ans, et sa mère l’autorise à participer à une fête organisée par Zeus au Mont Olympe où elle rencontre de nombreuses divinités, dont Hadès. Au fil des pages, on suit l’évolution de leur relation et on découvre un roi des Enfers touchant et sensible, et une reine du printemps qui tente de se faire une place parmi les dieux.
Un style unique et poétique
L’œuvre se démarque surtout par son style et ses dessins. Rachel Smythe utilise principalement trois couleurs : le rose, le bleu et le violet. Un choix qui invite le lecteur dans un voyage poétique et onirique. Les visuels sont doux, agréables et beaux, et permettent aussi de dissocier deux univers : les couleurs chaudes, associées à Perséphone et au Mont Olympe s’opposent aux couleurs froides des enfers et d’Hadès.
Dès les premières pages, le ton est donné : l’autrice nous raconte une histoire d’amour. Si elle semble naïve aux premiers abords, elle pose finalement des questions plus sérieuses comme le consentement et la place des femmes dans la société. Liberté, féminisme, violences (psychiques, physiques et sexuelles), dépression, stress post-traumatique, relation toxique… La BD aborde des sujets de société et les inscrit dans cet univers fantastique. La douceur des dessins contraste avec la violence de la réalité. Lore Olympus donne un nouveau visage à ces personnages mythiques. Les déesses n’hésitent pas à remettre des dieux égocentriques et misogynes à leur place, et cassent par la même occasion de vieux stéréotypes. L’oeuvre permet de se réapproprier des récits qui nous semblent parfois trop complexes, à travers des héros sensibles et attachants.