La nouvelle minisérie policière de France Télévisions plonge les téléspectateurs dans une affaire de disparition qui reprend tous les codes du cold case et du polar à la française, sans pour autant reposer sur un véritable fait divers.
France 2 mise ce soir sur un nouveau polar français avec La disparue de Compostelle. Dans cette minisérie en quatre épisodes, une cheffe de brigade de gendarmerie de l’Hérault voit ressurgir des éléments d’un cold case qui la hante depuis cinq ans : la disparition d’une adolescente du village. Le récit cultive l’illusion du fait divers alors qu’il repose sur une intrigue entièrement fictionnelle.
Une affaire inventée
Emma Vivian, la jeune fille disparue, n’a jamais existé. De même pour Jeanne Nogarède, la gendarme au cœur de l’histoire, et pour l’ensemble des protagonistes. Le créateur Pierre Monjanel a bâti son scénario en mobilisant des ingrédients familiers au genre policier : disparition, secrets de village, trauma familial, enquête qui refait surface. Le décor, lui, est bien réel, puisque l’intrigue se situe à Saint-Guilhem-le-Désert, une étape du chemin d’Arles vers Compostelle.

L’élément perturbateur – une vidéo générée par intelligence artificielle dans laquelle Emma raconte sa dernière journée – alimente le doute, la rumeur et l’obsession collective. Ce recours à un deepfake donne au polar une dimension contemporaine, interrogeant la viralité numérique et la porosité entre espoir et manipulation.
Un choc médiatique
Si la série ne s’appuie sur aucun dossier criminel, son origine tient toutefois à un vrai événement. Dans une note d’intention publiée par France Télévisions, le scénariste Pierre Monjanel raconte avoir découvert en avril 2023 un article relatant la réaction du père d’Estelle Mouzin (disparue en janvier 2003, kidnappé et tué par Michel Fourniret, avec l’aide de sa femme Monique Olivier) face à des vidéos TikTok créées par IA pour imiter sa fille. Ce scandale numérique lui a révélé le potentiel fictionnel d’une réalité qu’il jugeait déjà insoutenable.
« Tout était là, écrit le créateur. Une jeune fille disparue depuis plusieurs années, laissant derrière elle un traumatisme poignant qui avait meurtri toute une communauté dont la douleur était ravivée par des vidéos “putaclics” fabriquées grâce à ce qu’on appelle “l’intelligence artificielle”. »

Le créateur raconte avoir créé sa protagoniste, Jeanne, en imaginant « des personnages aussi sincères et droits que le crime et sa relance étaient “odieux et inquiétants”. (…) On pourrait dire que Jeanne est aussi normale et vraie que ce qu’elle affronte est intelligent et artificiel », conclut-il.