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Warner va vous permettre de générer vos propres musiques par IA… avec la voix de ses artistes

26 novembre 2025
Par Pierre Crochart
Warner va vous permettre de générer vos propres musiques par IA… avec la voix de ses artistes
©Suno

La major sur laquelle on trouve notamment Dua Lipa, Charlie XCX ou encore Ed Sheeran jette un pavé dans la marre concernant la musique générée par l’intelligence artificielle.

Tout est pardonné. Après que Warner Music Group (WMG) a attaqué en justice Suno (la plus grosse plateforme de génération de musique par intelligence artificielle) au prétexte du vol de ses propriétés intellectuelles, la major annonce finalement être parvenue à un accord avec elle. Un contrat que l’on imagine juteux, en cela qu’il prévoit de pouvoir utiliser la voix des artistes Warner pour générer des morceaux de musique sur Suno. Une situation inédite, qui soulève de nombreuses questions pour les musicien·nes signé·es sur l’un des plus gros labels au monde.

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Ce que prévoit l’accord entre WMG et Suno

Pour les artistes opposés à l’intelligence artificielle – qui fait une percée spectaculaire dans le monde de la musique –, l’annonce publiée hier fait forcément l’effet d’un crève-cœur. Les contours du contrat sont, a priori, clairs. Les artistes signés sur WMG ou l’un de ses sous-labels pourront, s’ils le souhaitent, accorder à Suno l’autorisation d’utiliser leur voix et leur « style musical » pour permettre aux internautes utilisateurs du service de générer des morceaux par IA. Les artistes garderont « un contrôle total » sur la façon dont leur double numérique est utilisé, rassure le communiqué, sans toutefois expliciter les leviers que pourront actionner lesdits artistes pour s’opposer à certaines utilisations.

« Cela ouvrira de nouvelles voies créatives pour les artistes qui choisiront de participer, ce qui représentera de nouvelles sources de revenus pour eux, et permettra [aux utilisateurs] d’interagir avec eux de façon inédite », s’enthousiasme la startup musicale. En effet, l’utilisation de la persona d’un·e artiste pour générer un son devrait lui permettre de toucher une part des revenus issus des abonnements à Suno. Mais quid des royalties potentiellement générées par la diffusion du morceau ensuite ? On l’ignore encore.

Pour Robert Kyncl, PDG de WMG, cet accord représenterait « une victoire pour la communauté des créateurs, qui va bénéficier à tous ». Suno figure parmi les entreprises d’intelligence artificielle qui se portent le mieux. Forte d’une croissance rapide, la startup américaine fondée en 2023 se targuait déjà d’un chiffre d’affaires annuel de 150 millions de dollars fin octobre 2025, rapporte l’AFP.

Un nouveau modèle de génération qui va tout changer

Dans le cadre de cet accord (qui prévoit également le rachat par Suno de Songkick, application de référencement des concerts à venir près de chez vous), la plateforme de génération de musique par IA annonce qu’elle utilisera de la musique sous licence WMG pour la conception de son prochain modèle de langage, qui devrait surpasser l’actuelle version 5, alors même que 97 % des auditeur·rices admettent aujourd’hui ne pas savoir différencier une musique faite par IA ou par un humain.

Suno précise toutefois que ses utilisateurs devront commencer à payer pour pouvoir télécharger les musiques générées par IA à partir de 2026. À ce jour, l’abonnement Suno est accessible à partir de 4,80 $ par mois.

Pour certaines personnes, la génération de musique par IA est devenue un gagne-pain comme un autre. Alors que plus de 30 % des uploads quotidiens sur les plateformes de streaming sont désormais de l’IA, certain·es « IArtistes » commencent même à être signé·es sur des labels – comme Xania Monet, pour le montant record de 3 millions de dollars. Pas encadrée, la musique générée par IA cause également de grands problèmes de droits d’auteurs et de propriété intellectuelle : de nombreux artistes ont remarqué que des morceaux leur étant faussement attribués, générés par IA, avaient été publiés en leur nom sur les plateformes de streaming.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste