Actu

Nous ne sommes déjà plus capables de faire la différence entre un morceau fait par IA et par un humain

14 novembre 2025
Par Pierre Crochart
Nous ne sommes déjà plus capables de faire la différence entre un morceau fait par IA et par un humain
©Deezer

Deezer publie les résultats d’un sondage effarant commandé à l’institut Ipsos, démontrant le caractère insidieux de la musique générée par intelligence artificielle.

La part de musique générée par intelligence artificielle téléchargée quotidiennement sur les plateformes a encore augmenté depuis septembre. Désormais, quelque 40 000 morceaux faits par IA se retrouvent chaque jour sur les catalogues de Deezer et de ses concurrents, annonce le service de streaming français. Et le plus grave, c’est qu’on est bien en peine de les reconnaître.

97 % des personnes sont incapables de distinguer un titre généré par IA

Pour renforcer encore sa démarche préventive sur les dangers de l’intelligence artificielle pour l’industrie de la musique, Deezer a commandé à Ipsos un sondage visant à tester les auditeurs et auditrices sur leur capacité à reconnaître un morceau de musique généré par l’intelligence artificielle. Les résultats sont dramatiques : sur 9 000 personnes sondées en ligne entre le 6 et le 10 octobre 2025 dans huit pays, 97 % des participant·es « n’ont pas su faire la différence entre une musique entièrement générée par IA et une musique humaine », écrit la plateforme de streaming.

Une majorité des participant·es (52 %) se sont dits « mal à l’aise à l’idée de ne pas pouvoir distinguer » une musique générée par IA d’une composition humaine. À peine moins (51 %) analysent la prolifération de musique par IA comme l’annonce d’un appauvrissement de la qualité de la musique diffusée par les plateformes. 64 % des sondé·es pensent que l’IA risque d’entraîner « une perte de créativité dans la production musicale ».

45 % des répondant·es souhaitent pouvoir filtrer facilement la musique par IA sur les plateformes, et 40 % disent qu’ils passeraient un titre fait par IA s’ils tombaient dessus. Seulement, voilà. Pour ce faire, encore faut-il pouvoir les identifier.

Deezer poursuit sa résistance

Un sondage qui fait office de sonnette d’alarme, autant que d’invitation à se pencher sur les nombreuses mesures mises en place par Deezer cette année pour s’opposer à cette perturbation majeure de l’industrie musicale.

Deezer est en effet la seule plateforme de streaming à identifier clairement les morceaux et albums générés par l’intelligence artificielle. Le cas échéant, les titres sont exclus des playlists thématiques, et ne peuvent donc prétendre à générer des revenus. Rassurant pour les véritables artistes, qui risquent de voir leurs maigres émoluments fondre comme neige au soleil au rythme où la musique par IA se propage sur les plateformes, et à voir comme certains « IArtistes » génèrent déjà des dizaines de milliers de dollars. Début novembre, la chanteuse IA Xania Monet a été signée sur un label américain pour trois millions de dollars. Autant d’argent qui ne reviendra jamais dans les poches de « petits » artistes.

Outre la menace qu’elle fait peser sur la rémunération des artistes, l’intelligence artificielle est également sous le feu des critiques pour ses violations constantes et répétées des œuvres protégées par le droit d’auteur. Les grands modèles de langage sont devenus aussi performants simplement en copiant, sans aucun droit, le contenu de centaines de milliers d’artistes, qu’ils sont désormais capables d’imiter, parfois de façon troublante.

Deezer tient toutefois à rappeler que, malgré le fait que l’IA représente aujourd’hui 34 % des uploads quotidiens sur sa plateforme, ces titres représentent toujours une très faible part des écoutes. Jusqu’à quand ?

À lire aussi

Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste