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Peut-on faire un bon roman en réécrivant un chef-d’œuvre ?

15 octobre 2025
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Eva Green dans la peau de Milady dans “Les Trois Mousquetaires : Milady” de Martin Bourboulon.
Eva Green dans la peau de Milady dans “Les Trois Mousquetaires : Milady” de Martin Bourboulon. ©Pathé Films

Réponse par l’affirmative avec trois romans érudits et passionnants qui nous offrent une nouvelle perspective sur des classiques qu’on avait statufiés.

| Je voulais vivre, d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre

À une époque qui sacre les biographies romancées, des récits qui marchent dans les pas des grands de ce monde en comblant par la fiction les vides et les énigmes de leur existence, Adélaïde de Clermont-Tonnerre fait un pas de côté et s’élance à l’assaut, non pas d’une figure ayant réellement existé, mais de l’un des personnages féminins les plus forts, les plus singuliers, les plus mystérieux de la littérature française : Milady.

Comme toutes les petites filles avant elle, l’écrivaine a commencé par la détester, sans doute parce qu’elle allait à l’encontre des modèles féminins issus des contes de fées, puis le voile s’est déchiré. En puisant dans Les Trois Mousquetaires, l’œuvre de Dumas où elle tient le premier rôle, elle retrace l’ascension redoutable d’une petite fille recueillie sur les marches d’une église, devenue éminence grise du cardinal Richelieu. Elle parvient surtout à fendre l’armure maléfique qu’on lui a toujours attribuée.

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Et si, derrière la séductrice, l’intrigante, la meurtrière, se cachait l’incarnation sublime et avant-gardiste d’une féminité qui, pour exister, n’a d’autre choix que de transgresser ? Une quête épique finalement très dumasienne dont transpire l’idée de justice et de vengeance. Face à ce que la romancière considère comme « le plus grand féminicide de la littérature française ».

| James, de Percival Everett

D’Effacement (2004), chronique sociale au vitriol d’un milieu littéraire et d’une société bourrés de préjugés raciaux, à Châtiment (2024), polar mâtiné de fantastique sur les traces de l’affaire Emmett Till, lynchage qui alimenta le feu du mouvement des droits civiques, cela fait plus de 20 ans que Percival Everett mobilise tous les genres romanesques pour questionner la condition afro-américaine. Avec son nouveau livre, James, consacré outre-Atlantique par un incroyable doublé National Book Award-prix Pulitzer, le voilà qui s’attaque à un monument de la littérature américaine : Les aventures de Huckleberry Finn. Il revisite l’histoire de Mark Twain en adoptant le point de vue de Jim, compagnon de route de Huck qui déconstruira ses préconçus racistes.

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Dans un pays rongé par la ségrégation, on suit les tribulations de cet esclave en fuite, érudit et amusant, qui simule l’ignorance pour survivre et utilise le langage comme une arme pour conquérir sa liberté. Audacieux et brillant. Un remake aux accents furieusement contemporains, qui brosse à la paille de fer les braises encore chaudes d’un racisme latent. La revisite d’une classique peut-elle devenir un classique à son tour ?

| Folcoche, d’Émilie Lanez

C’est ce qu’on appelle un coup de pied dans la fourmilière ! Reporter au magazine L’Express depuis plus de 20 ans, Émilie Lanez s’attaque dans son troisième livre à un classique du répertoire français et débusque un énorme mensonge littéraire, égratignant au passage l’un des romanciers les plus acclamés du XXe siècle. Avec Vipère au poing, publié en 1948, Hervé Bazin, mandarin des lettres françaises dans les années 1880 et président de l’Académie Goncourt, connaît un immense succès. Le livre acquiert une réputation mondiale et s’écoule à plus de cinq millions d’exemplaires, devenant même un passage obligé pour des générations de collégiens, terrifiés par le personnage ignoble de la mère. Et c’est là que réside la supercherie, ce que l’autrice appelle le « meurtre littéraire ».

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Quiconque a lu le roman se souvient parfaitement du personnage de Folcoche, sorte de double de papier de la mère de l’écrivain, une marâtre ignoble qui prodigua à son fils une éducation sans tendresse, brutale et perverse. Près de 80 ans plus tard, avec la minutie du fin limier et la fougue de la romancière, la journaliste venge sa mémoire en révélant une vérité jusque-là mise sous silence. Puisant dans les archives familiales, mais aussi judiciaires et médicales, elle retrace l’enfance tourmentée de l’écrivain, entre délinquance, prison et même asile d’aliénés. Elle dévoile surtout le vrai visage de Paule Hervé-Bazin, sorte de Madame Bovary en souffrance, qui a certes failli, mais qui ne méritait pas autant de mépris. L’histoire glaçante d’un écrivain qui a sacrifié sa mère sur l’autel de la gloire littéraire.

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