Le chanteur est de retour dans les bacs le 12 septembre avec un disque aux multiples inspirations.
Play sera-t-il décisif pour Ed Sheeran ? Après deux albums (– et Autumn Variations) passés plus ou moins inaperçus (comparé à ses grands succès), l’artiste revient avec un album surprenant qui puise dans de nouvelles sonorités pour être l’un des opus les plus originaux du chanteur. Au point d’en être déstabilisant ?
Allier le traditionnel à la nouveauté
Play est un opus important. Après deux albums sans grand éclat, malgré leur qualité certaine, la place de l’artiste (qui a fait face à un procès pour plagiat, qu’il a remporté) n’est plus aussi évidente dans le monde de la musique. Le chanteur anglais doit donc à la fois confirmer sa pertinence et se renouveler. Une tâche ardue qui permet à Play de s’émanciper et de partir dans plusieurs directions.
De façon assez surprenante, le disque enchaîne les morceaux et explore des styles variés, au point de trancher, parfois, avec ce que l’artiste a eu l’habitude de faire. Par ailleurs, Play a été conçu par Ed Sheeran en lien avec un autre album, intitulé Rewind. Ce dernier sera axé sur la nostalgie, là où Play se veut précurseur, innovant et cherche l’inspiration dans des tonalités internationales. À côté de cela, ce nouvel opus marque un retour aux sources évident pour le chanteur qui propose de nombreuses ballades pop romantiques rappelant ses plus grands tubes. Le mélange des genres serait-il la recette du succès ?
Un album aux sonorités indiennes
En annonçant Play, Ed Sheeran a fait savoir sa principale inspiration : les musiques du monde, en particulier les sonorités indiennes, l’album ayant notamment été finalisé à Goa, en Inde. Le disque propose ainsi des morceaux qui tranchent radicalement avec le style habituel d’Ed Sheeran. L’écoute en devient intéressante.
Chaque nouveau morceau laisse planer le doute : vers quoi le chanteur va-t-il aller ? Semblant alterner entre la pop et des variations musicales plus niches, le disque donne par moments la sensation qu’Ed Sheeran est perdu dans sa propre composition ou, du moins, qu’il n’a pas osé explorer franchement d’autres pans musicaux pour produire un véritable disque expérimental.
Play est paradoxal, mais il se nourrit de cet entre-deux. Jamais complètement déroutant, jamais complètement prévisible, il montre qu’Ed Sheeran est en recherche artistique et en évolution.
L’hommage aux musiques indiennes surprend dans Symmetry ou Sapphire en featuring avec le chanteur indien Arijit Singh, mais Ed Sheeran s’essaie aussi au rap, avec notamment l’énergique Opening, la première chanson du disque.
L’acceptation du romantisme
En 2017, Ed Sheeran fait sensation avec l’un de ses plus grands succès, Perfect. Chanson romantique par excellence, elle a aussi catégorisé le chanteur. Depuis, l’artiste tente de ne pas s’enfermer en répétant inlassablement la même formule.
Si la moitié du disque tend vers cette envie d’expérimenter, l’autre revient aux fondamentaux. Old Phone, Camera, In Other Words (l’un des meilleurs morceaux de l’album)… Ed Sheeran crie et chante son amour en proposant des ballades pop romantiques et accrocheuses aux refrains entêtants.
La troisième composante de l’album d’Ed Sheeran se trouve dans de la pop plus classique, énergique et dansante. Toutefois, difficile pour le chanteur d’offrir des morceaux convaincants. Si A Little More fonctionne grâce à son clip ingénieux, avec le bien trop rare Rupert Grint, d’autres titres, comme Problems ou War Game, ne laissent pas un souvenir impérissable.
« Play est l’album qui m’a fait de nouveau tomber amoureux du fun », a confié Ed Sheeran sur ses réseaux sociaux. Le chanteur a voulu s’amuser ; cependant, bien que cela se ressente et que l’album possède une part communicative, cet aspect pop n’est malheureusement pas le plus marquant.
Trois disques en un ? Mélange d’exotisme, de romantisme et de musique pop, le nouvel album d’Ed Sheeran témoigne d’une grande capacité d’adaptation et d’une envie sincère de l’artiste d’aller dans différentes directions musicales. Parfois, cela fonctionne, parfois non, mais cela fait de Play un album intéressant et surprenant. Il pourra ainsi être écouté sous différents prismes et, in fine, vieillir d’une façon que l’on ne peut pas encore anticiper.
Ed Sheeran se réinvente d’un côté et assure les indispensables de l’autre. Quelques tubes instantanés vont sans aucun doute tourner dans les mois et les années à venir. Play contient également une promesse implicite : conçu en même temps qu’un autre disque (qui n’a pas encore de date de sortie), il gagnera peut-être en richesse une fois le diptyque complété. En attendant, le nouveau disque d’Ed Sheeran est à découvrir dès le 12 septembre 2025, avant son Zénith prévu en décembre 2025.
