Rediffusée ce 7 août sur Arte, la mini-série danoise explore les tensions familiales autour d’une accusation de violences. Un récit qui divise la critique par son approche du doute et de la parole enfantine.
À l’occasion d’une rediffusion, Arte remet ce jeudi 7 août Cry Wolf à l’antenne. En huit épisodes, cette mini-série danoise interroge la parole d’Holly, 14 ans, qui accuse son beau-père de violences. Signée Maja Jul Larsen, ancienne scénariste de Borgen, elle a été diffusée pour la première fois en 2020 au Danemark, avant de remporter plusieurs prix Robert en 2021 et de décrocher une distinction au Festival de Zurich. Mais comment la critique française a-t-elle accueilli cette fiction ?
Une accusation sans preuve
L’histoire débute par une rédaction scolaire. L’adolescente y raconte les violences que son beau-père lui aurait infligées. Aussitôt, l’école alerte les services sociaux. Lars, assistant social, est chargé d’évaluer la situation. Il place Holly et son petit frère en famille d’accueil, le temps de l’enquête. Leur mère, Dea, conteste les faits. Simon, l’accusé, nie en bloc. Et le doute s’installe.

Située dans un Danemark gris et modeste, la série s’éloigne des codes du thriller. Elle suit la mécanique sociale dans ce qu’elle a de plus quotidien : réunions, évaluations, entretiens en huis clos. Lars tente de maintenir une posture neutre, tout en se laissant guider par son instinct. Holly, elle, semble chercher à survivre plus qu’à convaincre.
Le réalisme en question
La critique s’accorde sur la force du sujet, mais se montre plus réservée sur la forme. Télérama évoque une œuvre « âpre », attentive aux regards et aux silences, mais juge son procédé narratif « à la limite du malaise », lui reprochant de « jeter le discrédit sur cette ado fragile par des moyens artificieux ». Même ton chez Télé-Loisirs, qui salue son suspense, mais regrette un rythme qui « faiblit après le troisième épisode ».

Le Monde va plus loin : il décrit une dramaturgie « pachydermique », un récit « prévisible » et des figures trop typées pour être crédibles. Simon, le beau-père, est ainsi présenté comme un personnage « à la mâchoire crispée » et au « regard de reptile », trop caricatural. La série ne manquerait pas de sincérité, mais pèche par un manque d’élan et de subtilité.
Des retours plus convaincus
Les critiques plus nuancées viennent de Cliffhanger, qui reconnaît certaines limites, notamment des rebondissements « dictés par le format plutôt que par la logique émotionnelle ». Mais le média défend la capacité de Cry Wolf à faire naître le doute. Il souligne aussi la complexité du personnage de Lars, « borderline, mais lucide », qui rappelle que son rôle n’est pas de juger, mais d’accompagner.

Le Monde concède aussi que la production gagne en épaisseur lorsqu’elle délaisse l’enquête pour se recentrer sur l’émancipation d’Holly. C’est là, écrit le quotidien, qu’elle « réveille l’attention du téléspectateur ».